dimanche 29 juin 2008

The world of Suzie Wong

Une comédie romantique hollywoodienne typique des années 60 avec William Holden et la délicieuse Nancy Kwan. Mes commentaires sur ce film sont parus il y a quelques semaines sur Hong Kong cinémagic... Étant donné le caractère tout particulièrement nostalgique de ce classique sur Hong Kong, voici l'article intégral. Précipitez-vous chez votre crémier pour visionner cette perle d'Asie. Au hasard d'une balade dans le centre-ville, j'ai retrouvé les lieux du tournage... la preuve en quelques photos.
Au début des années 60, Robert Lomax (William Holden) arrive à Hong Kong avec le projet de devenir artiste et de vivre de ses peintures. Il descend dans un hôtel miteux de Wan Chai, qui officie accessoirement comme maison de passe pour le bar à filles voisin. Il rencontre Suzie Wong (Nancy Kwan), une demoiselle tarifée au caractère bien trempé.
Adapté du roman éponyme de Richard Mason, The world of Suzy Wong n’est pas seulement un film… Ce personnage attachant de prostituée agitée est devenu, au fil des années, une véritable allégorie. Amoureuse et désabusée, en quête de respect, elle représente, au-delà de son métier et de son statut social, toute une époque de la colonie britannique. Ville d’aventuriers commerçants, Hong Kong est un port d’Asie incontournable dans les années 50 ; la cité tente de se débarrasser, comme Singapour, de son image poisseuse de pirates et de fumeries d’opium, pour vêtir les traits d’une ville de plaisirs où l’argent est facile. Le banquier remplace le commerçant et les dames de compagnie supplantent l’opium… Les imageries populaires se chevauchent : quand bien même ces deux mondes vivent en parallèle, Suzie Wong est le symbole de cette nouvelle ère, le visage des charmes de l’Asie. Nourrie des phantasmes occidentaux, elle alimente pendant des années le mythe de la jolie chinoise fatale, dont le charme repose sur la minauderie et beaucoup de pragmatisme… Elle est la ville qui réussit et qui se transforme, elle passe de la précarité au succès ; elle est celle, mal vue, qui brille soudain aux regards de tous. Mais elle est fragile…
Le programmateur du Hong Kong film archive, Law Kar, est allé jusqu’à comparer Suzie Wong à Sally Bowles, l’héroïne de Farewell Berlin qui donnera plus tard le film Cabaret. L’excentrique et riche ville de Berlin, dans les années 30, représentée par Sally, y est menacée par le nazisme. Tout comme les communistes Chinois sont aux portes du tout aussi fastueux Hong Kong des années 60… L’idée est pertinente et il suffit de voir comment résonne le souvenir de Suzie Wong chez les anglo-saxons pour comprendre que son impact dépasse le cadre du simple personnage de cinéma. Elle représente une époque, des tranches de vies et une vision de la condition féminine voire du rapport à la femme asiatique ; certains condamneront le propos, nul ne peut nier son caractère représentatif, même s’il est idéalisé.
L’intrigue en elle-même est simple. Quelques quiproquos, des mensonges et des non-dits bâtissent une relation amoureuse instable que l’on sait toutefois sincère. La trame est celle, classique, des comédies romantiques américaines de cette époque. Le film se construit autour de quelques scènes emblématiques, comme celle d’ouverture dans le Star ferry. Cette ligne de bateau qui relie la péninsule de Kowloon à l’île de Hong Kong est encore aujourd’hui chère au cœur des Hongkongais ; et il est toujours possible d’emprunter le bateau qui a servi au tournage, le Radiant Star. La scène du dîner mondain chez les colons britanniques, dans l’une de ces belles demeures du quartier du Peak, est toujours d’une actualité tristement banale. Racisme ordinaire, esprit colonial étriqué, non-dits… Richard Quin, le réalisateur, prend soin de dessiner avec pertinence la société bourgeoise dans laquelle il pose une partie de son intrigue. Il faut enfin souligner les quelques scènes de rues ou de marché, prises à la sauvette et, de fait, véritables moments volés, authentiques et réalistes. Ces plans, souvent maladroits du point de vue de la réalisation, tranchent avec le perfectionnisme du reste de la mise en scène mais, au final, illustrent bien le dépaysement du héros, son sentiment de découverte mêlé de malaise à s’immerger dans un monde si populeux et différent.
Pour la rencontre des deux mondes, il devait y avoir un lieu fort : le Nam Kok hotel. L’intérieur de l’auberge est un décor de studio qui rappelle Shanghai dans les années 30. Cette auberge, censée se situer à Wan Chai, est en réalité sur Ladder street, entre le quartier Central et Mid-Levels. On peut encore voir précisément le carrefour qui a dû servir de lieu de tournage… C’est à l’époque le vrai épicentre de la prostitution à Hong Kong. Wan Chai, aujourd’hui célèbre pour l’activité nocturne, commence alors à peine à se développer, les hôtesses philippines remplaçant les Chinoises. Ces décalages n’affectent pas le propos. C’est avant tout une histoire humaine faite de fantasmes et de représentations.
A ce titre, les protagonistes campent au départ des statuts aussi bien que des personnages. William Holden peine tout d’abord à convaincre dans son rôle d’artiste quadragénaire ayant abandonné son pays et sa carrière d’architecte. Le personnage est trop sérieux, trop carré pour être emporté par la naïveté et l’empathie. Le virage complet de sa vie semble pourtant un passage primordial pour que le public occidental puisse tolérer l’évolution de sa vision. Un peu d’humour, beaucoup de charme et quelques déboires corrigent ce départ un peu trop assuré. En 1960, William Holden est déjà un acteur accompli, auréolé de virilité par le succès récent de The bridge on the river Kwai ; difficile de se séparer d’une telle image ! L’expérience chinoise doit toutefois être concluante pour l’acteur puisque l’année suivante, il enchaîne avec le tournage de Satan never sleeps de Leo McCarey. Il y joue le rôle d’un missionnaire en Chine, accompagné par une charmante autochtone ; mais c’est une autre histoire… bien loin des filles de Wan Chai, du Nam Kok hotel et de la belle Suzie Wong.
C’est à la jeune actrice Nancy Kwan que revient le rôle doux-amer de Suzie Wong. En Cendrillon des temps modernes, elle irradie de fraîcheur et d’assurance. Comme modèle aux peintures de Lomax ou guide de ses escapades hongkongaises, elle est attachante en tout point et mène la caméra par le bout de l’objectif… Avec un tel succès, la carrière de Nancy Kwan semblait lancée. Elle est ensuite en haut de l’affiche dans le pétillant Flower drum song qui la met en scène à San Francisco. On la voit dans quelques films indépendants, des comédies romantiques… pourtant la carrière ne décolle pas et, mauvais signe, critiques et spectateurs continuent d’appeler l’actrice… Suzie Wong. Ses frasques sentimentales et le destin tragique de son fils demeurent malheureusement, à Hollywood, plus célèbres que ses talents d’actrices.
Le personnage de son tout premier rôle, quant à lui, reste et demeure une icône. Une boîte de nuit fort célèbre de Pékin en a fait son nom, sa décoration et son logo, de même qu’un bar branché de New York et un autre à Londres. Elle est aussi devenue une héroïne de manga au Japon, une marque de vêtements à Singapour et même une recette branchée de cocktail (à base de liqueur de mandarine…). Enfin et surtout, le mythe s’est construit à partir des innombrables ersatz de son personnage que le cinéma a pu engendrer dans les années 60-70, quel que soit le genre. Suzie Wong, c’est toute une génération d’actrices asiatiques qui se modèlent à un jeu, à une image attendue par l’Occident. Le monde imaginaire de Suzie est devenu réalité, elle s’est éloignée de la ruelle sombre et escarpée de Ladder street pour briller aux lumières d’Hollywood. Un conte de fée qui dure toujours.

The forbidden kingdom

Une nouvelle critique sur Hong Kong Cinémagic... Celle du nouveau film de Rob Minkoff, The Forbidden Kingdom. Un adolescent américain, dévoré par la passion des films de kung-fu, se retrouve mystérieusement projeté dans un univers parallèle… un royaume Chinois médiéval dirigé par un seigneur tyrannique et immortel ! Immédiatement, les ennuis commencent et les coups pleuvent. Le jeune héros ne doit son salut qu’à l’association d’un ivrogne voyageur et d’un moine silencieux. Un scénario prétexte pour une belle aventure sous forme d'hommage aux films de ce genre. C'est par ailleurs la première association à l'écran de deux géants hongkongais: Jackie Chan et Jet Li.

jeudi 26 juin 2008

Kodaiji 2



Kodaiji 1

Alors que les cerisiers fleurissent, la municipalité de Kyoto ouvre un certain nombre de temples la nuit, en faisant appel à des artistes scénographes pour les jeux de lumières. Ces lieux déjà magiques le jour trouvent un second souffle, plus envoûtant encore.

Pachinko

Le pachinko est un autre monde. Beaucoup de choses m'échappent encore sur cette activité aliénante sans intérêt apparent. A mi chemin entre le flipper et la machine à sou, c'est une sorte de table verticale, lumineuse et bruyante, dans laquelle il faut verser de petites billes métalliques achetées auparavant par caisses entières. Les billes tombent et le joueur ne contrôle rien outre la vitesse de la chute. Elles doivent passer par certains endroits pour débloquer d'autres billes.
Il s'agit d'un véritable phénomène de société dans l'archipel. Il y aurait plus 15 000 salles et deux millions de machines. Les lieux sont impressionnants: des dizaines d'alignements de machines sur une centaine de mètres et plusieurs étages, le tout baigné dans la fumée de tabac et une musique assourdissante. Ces endroits ferment tard, certains pas du tout, et avant les ouvertures les queues sont longues. Un Japonais sur quatre jouerait régulièrement au pachinko, c'est le troisième chiffre d'affaire dans l'économie des loisirs nippons. De la mamie à l'homme d'affaire en passant par l'étudiant et la ménagère, on y trouve tout le monde. Les jeux d'argent étant théoriquement illégaux, les casiers de billes peuvent être échangés contre des prix... mais ces prix sont monnayables dans une autre salle. Les fameux yakusa seraient à la tête de ces drôles de commerce. Les politiciens japonais sont de plus en plus inquiets des effets décérébrants de cette activité... Il est vrai qu'il est difficile de ne pas penser à "1984" ou au "Meilleur des mondes" en passant devant ces salles de jeux où des ombres d'humains vivent mécaniquement des heures et des heures durant.

Nippon ludique

Les amateurs de jeux vidéos trouvent le paradis au Japon. L'Éden électronique, le Nirvana virtuel est dans ces salles surchauffées, sur plusieurs étages, où tous les jeux possibles et imaginables braillent leurs décibels en même temps. Dans le palmarès des attractions les plus jouées, ces tambours sur lesquels il faut taper au rythme des images et de la musique. Décérébrant à souhait. Plus élaborées, ces tables magiques où l'on place des cartes sur un terrain... et l'action se résout instantanément sur l'écran! Ces jeux ne sont pas occupés par des bandes d'adolescents oisifs mais par des messieurs en costume; ils ont juste tombé la cravate à la sortie du travail. Il est minuit et les voilà toujours en veste, les yeux rivés sur les images qui défilent. Ils bougent avec vivacité les cartes face à eux, en rajoutent, en éliminent. Explosions et musique. Un étage plus haut, c'est le futur. De larges bulles de deux mètres de diamètre accueillent chacune un joueur. Chaque cabine est un poste de pilotage d'une sorte de tripode mécanique; l'écran couvre 50% de la bulle, englobant tout le champ de vision du joueur. Pas de manettes mais de vraies commandes. Une bataille digne de la guerre des étoiles fait rage...

mercredi 25 juin 2008

Sumo

Un petit quartier tout ce qu'il y a de plus anodin, à l'Est de Tokyo, est réputé pour héberger, selon la traduction officielle, les écuries des rikishi. Ce terme désigne les lutteurs professionnels que l'on appelle communément par le nom de leur sport: les sumos.
A bicyclette et de bon matin, nous errons dans des rues semblables à toutes les autres rues, au milieu de passants semblables aux autres passants. Nous cherchons du regard une stature colossale. Nous scrutons les maisons pour y déceler la présence d'une salle d'entraînement, une ornementation qui indiquerait la présence d'un combattant. Rien.
Nous abordons une dame en balbutiant les quelques mots de japonais qui devraient lui faire comprendre l'essentiel de notre requête. Là se produit un phénomène fréquent: enthousiasme verbal, sourire affable, anglais néant mais bonne volonté évidente. Pour ne pas peiner les gadjins que nous sommes, la femme se met en devoir de nous aider... Elle part en courant dans le sens opposé de sa route initiale en nous faisant signe de la suivre. Nous descendons de nos vélos et trottons derrière elle... Cinq minutes plus tard, et de nombreuses rues plus loin, elle nous conduit devant une banale maison avec des gestes satisfaits. Nous multiplions les remerciements d'usage, toujours sidérés du civisme de tous les gens que nous rencontrons... au point d'en faire une généralité.
Quid de la maison? Rien. Pas d'affiches, pas de décorations. Nous entrons par ce qui ressemble à une porte de garage, à demi-ouverte, et sommes assaillis par la photographie grandeur nature d'un sumo en habits d'apparats. Nous touchons au but. Il s'agit, nous l'apprendrons plus tard, d'un ancien champion du début des années 90, aujourd'hui reconverti dans les affaires, à qui appartient cette écurie. Un couloir en bois et deux portes; une rangée de petites fenêtres situées en hauteur. Un visage poupin apparaît par l'une des lucarnes. La première porte s'efface devant une montagne de chair surmontée d'un large sourire. Quelques mots baragouinés avec humilité et un autre colosse plus blanc de peau s'encadre juste sous le linteau. Un sumo blanc qui parle anglais! L'aimable passante a choisi précisément une écurie où nous pourrions communiquer... Le blanc semble être le chef.
Il nous invite à entrer sur une scène vide et large qui surplombe d'un demi-mètre la salle d'entraînement. Deux coussins sont posés à notre attention. L'arène est en terre battue, entourée de bois et le fameux cercle de corde est au centre. Quatre autres rikishi s'échauffent... nous arrivons précisément avant l'entraînement matinal. Les cinq mastodontes semblent maladroits. Ils sont un peu gênés par notre présence, la gestuelle de leurs membres grossiers est timide. Leurs ceintures étroites cachent l'essentiel de leur intimité; pour le reste, les corps sont nus. La chair est ronde, exubérante et déborde de plis en replis à la moindre contorsion. Pourtant, pas à un seul instant, il ne nous viendrait à l'esprit d'en rire ou de nous en dégoûter. Il émane de cette pièce quelque chose de sacré. Les sumos pratiquent un sport de combat mais aussi, et surtout, un acte religieux. C'est pourquoi de nombreux rites entourent les affrontements. Le sel dans le cercle, l'eau crachée, les poings sur le sol... Tout ceci est exécuté avec une déférence imperturbable. Nous échangeons quelques mots, à voix basse: nous sommes chez Baruto. Un gros doigt vient se poser sur ses lèvres: il est l'heure de commencer.
A tour de rôle et pendant plus d'une heure, les hommes s'élancent les uns contre les autres pour entamer des luttes vigoureuses. D'abord le silence. Puis le choc de la peau contre la peau, le bruit sec de la chair claquant contre la chair. Et les grognements animaux des colosses qui tendent l'ensemble de leurs muscles l'un vers l'autre. Les mains s'agitent pour trouver des prises, la poussée se fait plus forte en résistance. A la moindre faiblesse sur un appui, tout se termine rapidement: la montagne devient fétu de paille et plus de cent kilos s'abattent sur le sol. Silence. On recommence. Parfois, la fatigue s'insinue avec intensité et les deux combattants cessent tout mouvement. Les respirations, fortes et courtes, emplissent la salle autour de ce tête à tête. Les corps luisent, sont tâchés de terre. L'odeur de musc devient persistante. La reprise du duel s'annonce dans un râle conquérant. Un mouvement, deux mouvements... et soudain, deux énormes pieds chancellent et s'élèvent du sol pour retomber de l'autre côté de la corde. Silence.
Avec une aisance insoupçonnée dans certains mouvements, les géants finissent par s'épuiser. Les corps s'abîment. Les muscles souffrent. Leur posture droite et fière est de plus en plus difficile à tenir. Baruto lance une phrase, courte et chaude. Ce sont les premiers mots depuis longtemps. Tous se tournent alors vers un autel, face à nous, et tombent à genou. C'est une prière pendant laquelle leurs yeux sont fermés avec ferveur mais leurs mains sont ouvertes et légères. Silence. Un regard vers nous; retour à la réalité. Les titans redescendent de l'Olympe et le divin s'efface au profit de l'humain. L'atmosphère se détend et des paroles anodines sont échangées. Un rire fuse. Le plus âgé des rikishi, et sûrement un vétéran, sort de son sac une serviette Titi et Gros minet... Il s'adresse à nous avec gentillesse et affabilité. Le changement d'univers est impressionnant!
Peu de temps après, nous nous sommes informés sur notre hôte: Baruto, 1,97m, 175 kilos, 24 ans, d'origine estonienne. Il a pour le moment atteint le plus haut grade de la discipline, à savoir Maegashira 1; c'est le premier rang de la première division; ce classement dépend du nombre de combats remportés sur les quinze du dernier tournoi. Au-dessus, il existe quatre distinctions suprêmes, tenues actuellement par dix combattants. Le rang le plus élevé est le Yokozuna. Ils sont aujourd'hui deux à être tenants de ce titre, tous deux d'origine mongole. Il est intéressant de constater que la ligue nippone accepte de plus en plus d'étrangers. Ce sport attire les foules et représente, symboliquement et historiquement, beaucoup pour les Japonais; mais il ne suscite pas les vocations chez les jeunes (plus tournés vers le baseball, l'autre grand sport national).
L'engouement pour cette discipline sportive mystérieuse est assez inexplicable. Tout comme ces Européens qui tombent en extase à l'écoute des psalmodies rigoureusement codifiées des chanteurs de Nô. C'est une des alchimies secrètes du Japon où les siècles embellissent la tradition pour permettre au sacré de descendre chez les vivants.

mardi 24 juin 2008

Kyoto by night

En regard du post sur Osaka by night, il est facile de se faire une petite idée de la différence d'ambiance entre les centres de ces deux villes. Un jardin derrière un porte en bois, une ruelle... Kyoto respire la culture et le respect du patrimoine. Les agencements lumineux sont installés avec pertinence et toute la ville brille grâce à son Histoire.

dimanche 22 juin 2008

Jardin de pierre

Les jardins de pierres au milieu d'océans de graviers peignés sont parmi les lieux les plus attractifs des temples. Goguenards à l'arrivée, nous avons très vite été saisis par une émotion intense qui ne tient pas tant à ce paysage rocailleux qu'à l'ambiance et au décor qui l'environnent. L'ensemble est construit pour l'harmonie et l'harmonie transpire de chaque centimètre carré. Les formes hasardeuses de la géologie sont entourées d'ordre et de rigueur. Une idée de la perfection qui donne à réfléchir...

Au peigne fin

Pas d'inventaires des temples et des jardins de Kyoto. Du moins pas pour tous tellement ils sont nombreux et impressionnants. Le Japon a pris tellement d'importance sur ce blog que, trois mois après le voyage, j'en suis encore à poster sur le sujet. Du coup, le carnet de voyage déborde d'informations que le temps ne permet pas de consigner sur Internet. Après tout, il suffit de regarder...

Soirée mousse... et zen

Les temples zen sont célèbres pour leurs jardins. Une composante est essentielle: la mousse. Cultivée avec soin, arrangée et soignée, elle ornemente des parterres entiers. Ce que le badaud européen prend pour un vulgaire tapis de verdure est le fruit d'un travail intense et méticuleux. Les espèces de mousses sont triées en fonction de leurs qualités et de leurs apparences. Ci-dessous, quelques exemples. Dans la partie "very important moss", les jardiniers ont cru bon de préciser: "like VIP"...

samedi 21 juin 2008

Iron flat

Réalisée sans trucage... cette photo d'un immeuble de Tokyo, permet d'évoquer la cherté du logement dans la capitale nippone et l'étroitesse de certains appartements.

Hello Kitty

Au Japon, l'enfer a un nom... C'est le monde de Kitty. Ce personnage créé par la société Sanrio hante des générations de jeunes nippons depuis 1976. Ce n'était à l'origine ni un dessin animé, ni une mascotte: juste un logo pour des produits. Aujourd'hui, le phénomène a pris une telle ampleur, au Japon comme dans le reste de l'Asie, que même les adultes collectionnent les produits dérivés de ce chaton rose et niais, sans bouche et rigide (produits dérivés de rien d'ailleurs puisque ce sont juste des créations markéting). Du porte-monnaie au papier toilette en passant par la robe ou la pizza, ce modèle du kitch et de la société de consommation est présent absolument partout. Pour les désespérés, ce site, Hello Kitty hell.

mercredi 18 juin 2008

Douves impériales

Le centre de Tokyo est inaccessible. Entouré de douves, le territoire personnel de l'empereur s'étend sur plus de 20 hectares. Il est strictement gardé et, en dehors d'un morceau de muraille, d'une porte ou d'une partie de jardin, il est absolument interdit de s'en approcher. Deux jours dans l'année font exception, le 23 décembre et le 2 janvier, pour l'anniversaire et les vœux de l'empereur. Si l'on considère la densité et l'entassement autour, posséder une telle surface de végétation et de plein air doit être le véritable signe extérieur du pouvoir. C'est surtout une aberration urbanistique qui contribue grandement au manque de cohésion de la capitale. Mais on ne badine pas avec l'empire, encore aujourd'hui. Plus de renseignements sur la famille impériale, son rôle et son fonctionnement, ici.

Statues à la mode

Les statues sont habillées en signe de dévotion. C'est souvent étrange et, finalement, assez agréable à l'œil. A l'entrée des temples, le pèlerin arrose de quelques gobelets d'eau les tabliers rouges. Il arrive aussi qu'on trouve à manger devant ces pierres.

Business class

La sobriété est de mise dans les tenues des hommes d'affaire japonais. Alors que beaucoup de jeunes cadres dynamiques occidentaux cherchent à se distinguer par l'habit, des foules de costumes anonymes arpentent les trottoirs nippons, dans toutes les gammes de gris, de noir, d'anthracite ou de cendré... C'est aussi une tradition, diluée dans la vie de tous les jours et, surtout, adaptée aux mœurs vestimentaires actuelles. Depuis la dynastie Tokugawa, il est important d'être sobre en toutes circonstances; les shogun successifs obligeaient les riches bourgeois à porter de simples kimonos de coton. La pression sociale est telle que ce code semble, encore aujourd'hui, tacite et intuitif.

lundi 16 juin 2008

Roman de gare

Le réseau ferroviaire japonais est spectaculaire. Les sociétés privées sont nombreuses à se partager un système dense et compliqué. Le labyrinthe des voies ferrées pénètre par exemple jusqu'au cœur de Tokyo. Il est parfois difficile de s'y retrouver entre les différentes compagnies, du métro aérien au train de banlieue en passant par les grandes lignes qui, selon les heures, desservent des dizaines de gares aux noms similaires pour le néophyte. Entre les systèmes de couleurs, les différents noms sur les mêmes numéros, les tarifications alambiquées... et des panneaux d'indication parfois tout en japonais, les surprises sont légions. C'est aussi un point de départ pour de nombreuses aventures.

dimanche 15 juin 2008

Mémoire d'une Geisha

Le quartier de Gion à Kyoto est celui des geishas. Ces femmes artistes ont fait fantasmer des générations d'Occidentaux. Elles ont, en réalité, surtout cultivé les élites nippones depuis quelques siècles... Car loin d'être la prostituée qu'on pense trop souvent, la geisha est en fait une femme de culture, littéralement "une femme qui excelle dans les métiers de l'art". Le mythe de la geisha a connu quelques revers depuis l'occupation américaine, époque à laquelle certaines femmes se vendaient sous couvert de cette image. Il y a toujours eu, cependant, une sorte d'ambigüité. Les geishas sont nées dans les quartiers de plaisir du XVIIIe siècle, pour élever spirituellement leurs clients. Mixte au début, le métier est rapidement devenu exclusivement féminin. Elles doivent trouver un protecteur à vie et lui réserver leurs services. Une loi ancienne interdit les prestations "physiques"... ce qui montre implicitement que la pratique était courante. Cela renvoie d'une certaine manière au débat très compliqué sur la sexualité au Japon. A ce sujet, le livre de Sumie Kawakami "Goodbye, madame Butterfly", sous-titre sex, marriage and the modern Japanese woman, est un ouvrage éloquent. Pour en savoir plus sur l'art des geishas, leurs costumes, leurs maquillages, leur formation et leur pouvoir, ce site est à la fois complet et succinct: "Toute la vérité sur les geishas".

Histoire d'eau...

On parle de société raffinée, de dépaysement de tous les instants... alors pourquoi ne pas se pencher sur ce qu'il y a de plus anodin? Les gouttières. La preuve en images; ce ne sont pas seulement des équipements de temples ou de monuments historiques. Beaucoup de particuliers possèdent ce genre d'élégantes colonnades mouvantes, qui chancèlent dans le vent, parfois avec un joli bruit. Et lorsque l'eau ruissèle d'anneau en anneau, de fleurs en fleurs, les effets sont des plus jolis.

jeudi 12 juin 2008

Shintoïsme et bouddhisme

Le shintoïsme est relativement complexe à appréhender. C'est une religion flexible et adaptée à la modernité du pays... tout en étant faite de conservatisme et de rigueur, à l'instar des mentalités nippones. Ce site sur la "Culture du Japon" est très bien fait pour comprendre un peu mieux les rouages de cette religion... Beaucoup de Japonais se réclament à la fois du shintoïsme ET du bouddhisme, qui sont officiellement en confrontation. Dans les faits, c'est le respect des coutumes qui priment, peu importe la confession.
La photo suivante ne date pas de cette année mais du précédent périple nippon... L'événement m'a paru assez cocasse pour être repris. Cette famille japonaise moderne était venue avec une voiture toute neuve dans ce temple Shinto de Tokyo. Après quelques minutes d'agitation, tout était ouvert du coffre à la boîte à gants. Un prêtre en grande tenue est alors arrivé pour marmonner autour du véhicule et bénir famille et automobile... Une demi-heure plus tard, monsieur revissait son portable hi-tech sur son oreille et la petite fille était plongée sur sa console de poche. Quand la tradition percute la modernité, encore une fois.

Osaka by night

De prime abord, Osaka n'inspire pas la sympathie du voyageur venant du foisonnement culturel de Kyoto... C'est une ville d'affaires et de modernité. Comme partout, on y trouve beaucoup plus en regardant de plus près. Le charme d'une ruelle de banlieue, la faune d'un bar branché du quartier d'America-Mura, un temple perdu dans une allée commerciale... et cette débauche de lumières dans le célèbre quartier de vie nocturne. Des néons aguicheurs tapissent les immeubles et les rues adjacentes regorgent de restaurants, de bars et de clubs privés.
Un peu plus loin, la tour de télécommunication est planté dans un quartier un peu triste. C'est une icône de la ville... pourtant sans grande valeur architecturale. On comprend mieux l'attrait des Japonais pour la tour Eiffel!

dimanche 8 juin 2008

Sleepy hollow

Dans un parc de Kyoto, la nuit. Spectacle de nature et de lumière. Une arbre fantasmagorique joue avec la lune et quelques ombres se faufilent sur le sol.

samedi 7 juin 2008

Sushi bar

Il est encore plus agréable de s'attarder au comptoir d'un sushi bar de quartier, perdu dans les ruelles d'une ville. La nuit est venue porter secours au froid et à la pluie. Il n'y a plus personne dehors. La porte coulisse sur une lumière orangée et un univers réconfortant empiète sur le trottoir, filtré par le noren. Le court rideau en trois parties, qui marque l'entrée de la plupart des magasins japonais, s'agite pour inviter à entrer plus vite. Du bois, de la chaleur, un sourire timide... dehors c'était l'hiver. Le chat ronronne sur une boite; il domine son paradis aux odeurs de calamars et de thon. La casquette vissé sur la tête, un vieux client fait croire depuis des lustres qu'il va partir. Et vient le patron, d'abord impénétrable. Une fois la commande passée en quelques mots et beaucoup de signes, l'artiste entre en action. D'énigmatique, le sourire devient radieux lorsqu'il devine le régal dans nos yeux. Oishi desu: c'est bon!

Kaitenzushi

Le "sushi tournant" est fait pour les pressés qui veulent leur dose de poisson en un rien de temps! Les amateurs diront que ce n'est pas là qu'on mange les meilleurs mais l'ambiance y est amusante et c'est une institution qui mérite le détour. Des petits plats, de couleurs différentes selon les tarifs, tournent sans fin sur une chaîne. On peste contre son voisin qui prend le "maguro" qu'on convoite depuis trois mètres, on attrape à la volée un duo "d'ebi" et on attend avec impatience une tournée de "maki"... Devant soi, un petit robinet dispense de l'eau chaude pour préparer un thé vert à base de poudre. Un peu plus loin, les cuistots découpent, assemblent et préparent les plats à venir. Il est peut-être utile de préciser que le sushi, c'est avant tout du riz... de première qualité. On peut donc mettre de la viande ou des œufs, c'est toujours du sushi. Si le poisson sous toutes ses formes et toutes ses origines reste prédominant, c'est parce qu'il représente une part essentielle de toute la gastronomie nippone.