jeudi 31 juillet 2008

La sieste

On se pose, juste un moment. On s'allonge, juste cinq minutes. On ferme les yeux, juste un instant. On dort... d'un sommeil juste. Un sommeil si léger que l'on profite de mille sensations extérieures et assez profond pour rêver. Le soleil oscille sur le visage au gré des branchages agités par le vent délicat. L'herbe épouse la forme du corps et le fond de la pensée. Tout est suspendu au sixième sens, mélange de l'ouïe et du toucher; comme si l'esprit devenait tactile à distance grâce au son. Le moindre bruit n'est plus parasite mais prétexte à une nouvelle histoire qui s'enchaîne sans souci à la précédente divagation. Un goût d'éternité s'éveille dans la sieste. Est-ce l'effet des temples zen et des bucoliques parcours dans la nature nippone? Ce parc est pourtant au cœur de Tokyo.

Jingu shrine

Orange! L'histoire raconte que les édifices shintô sont affublés de cette vivifiante couleur car elle permet de chasser le mal. Pourquoi pas rouge alors, puisque c'est la couleur standard à toute l'Asie pour ce genre de préoccupations? Justement, rouge au Japon, c'est la couleur de la Chine... Et l'Empire du Milieu n'a pas toujours été en odeur de sainteté.

mardi 29 juillet 2008

Jidohanbaiki

Des boissons, des glaces, des cigarettes, des photos, des porte-bonheurs, des soupes, des tickets, des DVD, des fleurs, des parapluies, des livres... les machines automatiques (Jidohanbaiki) vendent tout, partout. C'est particulièrement leur nombre hallucinant qui marque le visiteur. Dans presque toutes les rues du Japon, alignées par trois, quatre ou plus, les machines font partie du paysage urbain. D'après la Japan vending machine manufacturers association, il y aurait un distributeur automatique pour 23 habitants! Toujours d'après la même source, 40 à 50% des boissons conditionnées à l'unité seraient vendues par ce biais. L'implantation des automates vendeurs remonte au Jeux Olympiques de 1964 où la chaleur de l'été avait exigé des disponibilités importantes en rafraîchissements... Loin de les voir comme une nuisance, ce sont les commerçants eux-mêmes qui les installent près de leur échoppes pour attirer la clientèle...

dimanche 27 juillet 2008

Tokyo tower

La tour de Tokyo mesure huit mètres de plus que la tour Eiffel et pèse 2300 tonnes de moins. Au-delà de ces chiffres, l'édifice, inauguré en 1958, n'a pas le même prestige international que sa consœur française... Son élancement et son habillage nocturne n'en sont pas moins élégants.

Vagabondage nocturne

Quelques heures après la cohue, le jour s'est effacé au profit de la soirée. Le quartier de la gare de Ueno tient tête à l'obscurité et reste encore animé quelques heures. Bien après, le cœur de la nuit s'installe. Une vraie nuit, non seulement voilée de noir mais aussi déserte et silencieuse, peuplée de solitudes qui se croisent et de silhouettes intrigantes. Le quidam anonyme de la journée peut raser les murs, il est repéré; la voiture du noctambule s'égare sur la rocade dans de longs fils lumineux et les enlacements de bétons attendent le matin, désœuvrés.

mercredi 23 juillet 2008

Les sculpteurs de lumière


Un autre monde le même soir...
Une exposition d'art contemporain, nocturne et en plein air, sur le thème de la lumière.


Télé nippone

Quitte à être dans l'insolite... voici quelques clichés d'un zapping télévisé, le soir dans un hôtel. C'est un véritable condensé de culture nippone, à la limite de la caricature. On trouve des émissions de jeux débiles (un grand régal parait-il), des séries de super-héros, du télé-achat (un vrai phénomène de société nous a-t-on dit) et les deux sports favoris des Japonais que sont les sumos et le base-ball. Comble, un peu plus tard dans la soirée, une émission pour apprendre à faire des origami...



Parking aérien

C'est une structure un peu insolite de la vie urbaine: la tour de garages. La place étant un problème majeur au Japon, il se construit entre les immeubles des parkings aériens qui accueillent sur une dizaine d'étages, des couches de voitures. Le véhicule est stationné sur une plaque et un mécanisme de rotation la déplace dans les étages... comme une grande roue de fête foraine. Un autre système, plus rare a priori, fonctionne comme le stockage des palettes d'un entrepôt.

lundi 21 juillet 2008

1793, samouraïs et Révolution

Dans la petite ville de Kurashiki, épargnée des bombes et donc joliment préservée, se trouve la maison des Ohashi, une vieille famille de samouraïs. Autant le précédent billet s'attardait sur le fossé immense entre les cultures, autant celui-ci va revenir sur une curieuse affaire qui donne à réfléchir sur les corrélations entre les multiples sursauts de l'Histoire. A une même période, dans des pays aux évolutions et aux cultures radicalement différentes, les sociétés peuvent-elles connaître les mêmes tourments, les mêmes bouleversements?
En 1793, la France républicaine sombre dans la Terreur et se démène contre l'Europe coalisée et "les ennemis de l'intérieur". A l'origine de cette spirale de violence, une Révolution parlementaire menée principalement par des bourgeois en quête de pouvoirs et de privilèges face à une noblesse décadente. Il s'est passée à peu près la même chose à Kurashiki, la même année; le sang et les têtes coupées en moins. Les samouraïs devenus marchands étaient excédés par une noblesse injuste et oisive qui détenait tous les pouvoirs politiques. Ils se révoltèrent en cessant leurs activités, paralysant le commerce et donc l'économie locale. Leur pétition exigeait un partage du pouvoir et des privilèges attribués au mérite et non pas seulement par l'hérédité. Ils obtinrent gain de cause rapidement et le conflit s'est résolu pacifiquement. En France comme au Japon, on assiste donc au soulèvement d'une puissante classe sociale qui ne supporte plus son infériorisation. Forte de son autorité nouvelle la famille Ohashi, qui a mené le mouvement, prit le contrôle de la municipalité et fit fortune dans le commerce du saké. En 1796, il firent construire cette magnifique maison en bois... digne des nobles les mieux nantis.

Architecture médiévale

Disserter sur l'architecture médiévale nippone serait fastidieux et sûrement inutile ici, des ouvrages et des sites le faisant très bien ailleurs. Quelques clichés permettent toutefois de montrer la perte de repères que constitue un périple au Japon. Les contacts étant minimes jusqu'au milieu du XIXe siècle, d'autres valeurs, d'autres références sont nées, bien loin des nôtres que nous pensons souvent, et à tort, universelles. Un château fort en bois qui répond à des techniques de siège et à une science de la guerre tellement différentes, la tour d'un temple bouddhiste que l'on pourrait comparer, du point de vue de l'usage symbolique, aux clochers des églises... Toute la culture historique du voyageur occidental est à refaire, toutes les notions les plus élémentaires sur la manière de penser la guerre ou la religion sont à revoir...

dimanche 20 juillet 2008

Une solitude

Hi-tech et célibat...

Quelques études de société montrent le nombre croissant de célibataires au Japon... Le billet sur les salles de jeux vidéos, avec ces hommes d'affaires en costume qui se précipitent devant les consoles au lieu de rentrer chez eux où personne ne les attend, était déjà assez symptomatique. Je trouve cette nouvelle photo amusante pour illustrer la démesure de l'utilisation des portables, qui ne font plus seulement téléphone mais englobent l'essentiel de la vie de chacun, et l'indifférence nette et affichée pour les rapports humains. Six hommes visibles sur cette photo, six le nez sur leur mobile; la jeune femme pourrait se balader déguisée en bunny girl que ça ne ferait guère de différence.

samedi 19 juillet 2008

L'apparition


Plaques votives

Des milliers de petites plaques en bois, vierges ou avec la trame d'un dessin, fleurissent dans les temples. Libre à chacun d'y mettre les prières les plus profondes, de pieux remerciements... ou juste un mot pour saluer les divinités, montrer qu'on est passé et que tout va pour le mieux. On complète un visage pour lui donner le sourire, on griffonne une tête de renard et quelques mots et on accroche le tout sur de longs portants, au milieu des autres plaques qui s'entassent parfois sur des années.
Les profanes d'une autre civilisation peuvent tenter leur chance...

jeudi 17 juillet 2008

Pèlerinages de Shikoku

Le pèlerinage est un acte de foi important, toujours d'une actualité ardente au Japon. Certains croyants abandonnent leur vie matérielle, purement et simplement, pour mendier et vivre de méditation, le temps d'un voyage physique vers un temple, le temps d'un périple intérieur vers une nouvelle conscience. Le plus en vogue (depuis le XVIe siècle...) et le plus réputé de ces voyages religieux est sur Shikoku, la grande île du Sud, couvée par la baie du Kansai. Il s'agit de relier 88 temples consacrés, sur un circuit de 1200 km. Il faut compter 30 à 60 jours pour arpenter montagnes et plaines de l'île et achever les pérégrinations. Aujourd'hui, beaucoup choisissent l'option voiture, bus ou train et ne visitent que les édifices principaux... mais il reste quelques irréductibles, drapés dans des tuniques blanches et un bâton gravé à la main, pour rallier toutes les étapes de ce divin parcours.

Le pavillon d'or

Ce monument est au Japon ce que la tour Eiffel est à la France... dit-on. Symbole et fierté, Kinkaku-ji est connu sous le nom de Pavillon d'or. La version originale a été construite au XIIe siècle et n'était dorée que sur le dernier étage. Dans les années 1950, un moine fou y met le feu et tout disparaît! Le bâtiment actuel est donc une copie contemporaine avec cinq fois plus d'or. Les lignes sont harmonieuses mais ce n'est pas un édifice surprenant en soit. C'est l'environnement du parc, les courbes de cette nature maîtrisée et embellie par la main de l'homme qui donnent son charme au site. Architecturalement, on peut lui préférer des temples isolés et plus modestes, aux couleurs tout aussi chatoyantes et aux formes plus osées...

Parc Jingu


mercredi 16 juillet 2008

Le voyage de Chihiro

A la recherche d'un estaminet pour manger... il est tard et la faim tenaille. Nous arpentons les grandes allées commerciales et les rues lumineuses du centre d'Osaka, musardant d'une vitrine à une autre sans pouvoir se décider sur les nouveaux délices nippons à essayer. Entre deux boutiques à la mode, soulignées de néons, un porche de bois se dessine discrètement; il ouvre sur des lumières jaunes rouges, vacillantes, sur la chaleur d'un autre monde. C'est un peu le Voyage de Chihiro pour quelques instants, une projection dans un autre univers à des milliers de lieues du moment précédent. Un petit temple et son jardin, cachés dans le silence. Un havre de sérénité posé entre deux tours modernes qui protègent pudiquement les lieux; elles tournent le dos et laissent leurs lumières criardes pour le futur qui est à deux pas, dans la rue à côté.

Kiyomizu-dera 2

Les marchands du Temple d'une autre religion n'ont qu'à bien se tenir... Ceux qui vivent ici ont bien mieux réussi leur implantation. Le commerce religieux, déjà impressionnant dans n'importe quel édifice de culte au Japon, prend à Kiyomizu-dera une ampleur inédite. Il faut préciser qu'on traite d'un sujet préoccupant: l'amour. La majeure partie des amulettes et des pratiques superstitieuses ont rapport à la résolution des problèmes de cœur... Des hordes de jeunes filles hystériques s'essayent à marcher d'un rocher sacré à l'autre sans ouvrir les yeux, elles achètent des colliers en pagaille, des plaques votives, des bijoux porte-bonheur et bien d'autres fétiches dont les promesses d'efficacité sont redoutables. Des silhouettes humaines faites d'une sorte de papier buvard reçoivent par écrit les confidences les plus tendres... ou peut-être les plus crues... et il faut ensuite les tremper dans l'eau et prier le temps que l'effigie disparaisse. Reste à se préparer pour la fièvre du samedi soir mais avec les bons auspices des Dieux.

Kiyomizu-dera 1

Sûrement l'un des temples les plus vénérés sinon le plus visité de Kyoto, Kiyomizu-dera ne ressemble à aucun autre. Une grande partie de la gigantesque structure de bois repose à flanc de colline sur de colossaux pilotis. Ce n'est pas un sanctuaire mais un véritable complexe du bouddhisme. Fondé au VIIIe siècle, le site tire son nom de "l'eau sacrée" qui attire les pèlerins de tout le Japon. C'est le lieu de toutes les prières sous toutes leurs formes (voir le billet suivant). Entre autres, il est dit que celui qui survit à un saut depuis la passerelle donnant sur le vide, verra son vœu exaucé... La pratique est désormais interdite.

mercredi 9 juillet 2008

Pays du soleil couchant

Magome

Loin des métros, perdu entre Nagano et Nagoya, le petit village de Magome est devenu une étape bien connue des marcheurs. Entre cols et vallées, il se situe sur la route médiévale des marchands qui allait de Tokyo à Kyoto. Très bien conservé aujourd'hui, voire même aseptisé comme savent le faire les Japonais, Magome est une étape charmante et dépaysante. Aucune ride d'un nouvel âge ne vient s'ajouter à celles d'un passé tranquille et prospère. A quelques kilomètres de là, le village de Tsumago a connu la même histoire. Les deux bourgs sont reliés par une vallée et un chemin. Les maisons sont bâties sur un modèle presque identique et les auberges deviennent ainsi des lieux de patrimoine étonnants.

Métro, boulot, métro...

La vie du Japonais moyen se passe en grande partie dans les transports en commun. La version idéale est ici, avec de l'espace et le portable chargé en jeux ainsi que des journaux. La presse écrite nippone détient les plus gros tirages du monde avec, par exemple, le quotidien Asahi Shinbun, fondé en 1879, et ses 12 millions d'exemplaires par jour. Respect. Quand la réalité dépasse la fiction, en revanche, cela peut donner de fabuleuses scènes de cohésion humaine comme dans cette vidéo sur le métro au Japon.

Baby blues et papy boom

Mariage... et enfants, c'est un cheminement assez commun dans le monde. Les Japonais n'y voient pas nécessairement une logique car depuis 2005, la population a cessé de s'accroître. Le taux de natalité est très bas, ce qui peut s'expliquer, entre autres, par le nombre incroyable de personnes âgées (c'est l'espérance de vie la plus longue du monde avec 84 ans pour les femmes) mais aussi la cherté de la vie et l'insécurité économique dans laquelle se trouvent beaucoup de jeunes couples. L'indice de fécondité a chuté à 1,4 enfant par femme alors que le chiffre de 2,1 en pays développé permet d'assurer le renouvellement des générations. Sur la photo, une de ces "poussettes" typiques des jardins d'enfants pour emmener en goguette les petites ribambelles de bambins nippons.

mardi 8 juillet 2008

Mariage nippon

Au détour d'un temple, un mariage traditionnel. Une maquilleuse, deux photographes et un coordinateur s'agitent autour du couple dans une frénésie digne d'un plateau de cinéma. A part les costumes, peu de choses changent comparé à l'Europe. Les mêmes poses, les mêmes sourires, mais au lieu de prendre la poussière sur le buffet normand du salon des grands-parents, ils finiront sûrement sur la commode chinoise d'un couple d'octogénaires...