lundi 18 janvier 2010

Train Turpan-Kashgar

21h de trajet dans un train poussif mais efficace; univers de bakélite et de vieux plastique froid, décoré de rideaux en crépon rose et de sols en linoléum vert pâle... Les compartiments ne ferment pas et donnent sur des couloirs bruyants, alimentés par les odeurs de nourriture froide, de toilettes saturées et de tabac, le tout bien souvent mélangé. L'uniforme des femmes d'entretien, rapidement débordées, n'est pas sans rappeler celui blanc et bleu des infirmières anglaises pendant la Seconde guerre mondiale... Les wagons étant parcourus par des militaires, des contrôleurs et autres fonctionnaires en tenues d'officiers et épaulettes garnies, il y a comme une ambiance années 40-50!

D'aucuns diront que, 21 heures, cela laisse du temps pour refaire le monde... Là, c'est le monde qui se refait devant nous. Très vite, le train s'éloigne de toute trace de civilisation et le spectacle donné est à couper le souffle. Les processus géologiques s'accélèrent et des millions d'années défilent; les montagnes se forment et se déforment, les vallées se creusent et se remplissent, sur le rythme saccadé du train... Instants volés au Temps, quelques clichés fugitifs attestent bien mal de l'ampleur.

La nuit tombe alors que nous croisons une scène bien étrange. Devant les rails, le train croise un militaire au garde à vous... au milieu de nulle part; fruit de l'imagination sans doute. Une minute plus tard: même scène surréaliste d'un planton casqué, arme sur l'épaule devant une guérite minuscule. Ainsi, pendant une quinzaine de minutes au crépuscule, à intervalle régulier, nous avons croisé ces militaires qui gardaient le désert et quelques montagnes un peu plus loin... et sûrement autre chose.

Un livre plus tard (l'errance de "L'alchimiste" de Paulo Coelho était parfaite à lire d'une traite dans ce contexte de traversée du désert), le jour se lève sur ces paysages de l'origine du monde, et quelques heures plus tard, enfin, nous arrivons à Kashgar!

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