jeudi 30 avril 2009

Moulins, fromages et tulipes...

Les Pays-Bas sans ses moulins, c'est comme Épinal sans ses images... Il fallait au moins en voir un. Cette journée a donc été dédiée à faire la tournée de l'imagerie typique du pays: Edam, Gouda et les forts jolis villages éponymes, puis un retour par un chemin tout indiqué pour admirer les fameuses constructions de bois qui défient le vent. J'ai fait l'impasse sur les tulipes: la rigidité de cette fleur et la texture grasse de ses tépales (et non pétales dans son cas) sont loin de mon idée d'élégance... L'étonnant épisode de la tulipomanie (relaté ici) me laisse encore perplexe.

mardi 28 avril 2009

Le bonheur est dans le pré

Le vélo déraille. Rien de bien grave, même pour le piètre bricoleur que je suis. Étonnamment, en cinq minutes, un attroupement d'oies se forme à quelques mètres, de l'autre côté du fossé. Les gloussements se multiplient. Quelques moutons approchent. J'oeuvre sur la bicyclette... Bêlements et cacardements! Pourquoi ai-je la terrible impression d'être la risée du pré?

vendredi 24 avril 2009

Zuyderzee

Le Zuiderzee, c'est ce golfe, cette mer qui pénétrait profondément dans les Provinces-Unies devenues Pays-Bas. De 1811 à 1814, c'est aussi le nom du département français, fruit des conquêtes napoléoniennes. Avec les travaux de l'ingénieur Cornelis Lely et les grands projets de polderisation, c'est devenu un immense lac, une mer intérieure. Une autre escapade à bicyclette s'imposait.
Ciel bleu et herbe grasse; variations de bleus, nuances de verts. Maisons de poupées et villages dignes de fermes miniatures pour enfants, peintures fraîches et propreté impeccable... Tout respire "luxe, calme et volupté" comme dirait un certain, sans pour autant me l'inspirer vraiment. Il y a comme quelque chose d'artificiel. J'ai l'impression d'un gigantesque décor de cinéma, et je n'imagine personne vivre des existences aussi rangées et propres, aussi parfaites en apparence. Est-ce le fait de venir d'une Asie bouillonnante et en constante mutation? Les campagnes néerlandaises font un drôle d'effet. Je pédale. Ces quelques gens, derrière leurs fenêtres sans rideaux, on dirait des figurants, droits, bienheureux, mais étrangement inactifs. Une odeur de chocolat chaud dans la ruelle, une jolie maman et sa petite fille à couettes rigolent de bon coeur. Je pédale. Un paysan accoudé sur son outil me salue à la sortie du village; le chaud parfum des foins. Je pédale.
Impossible: je vais me réveiller d'une simulation de réalité virtuelle.
Plus tard dans la journée, je me perds sur la route du retour vers Amsterdam. Le ciel s'assombrit. Il commence à bruiner lorsque je pénètre dans le Amstel park, en banlieue de la métropole. Une toute autre atmosphère m'attend à la tombée de la nuit: junkies à la dérive, jeunes messieurs aux moeurs légères et demoiselles tarifées sont en chasse. Contrairement au centre-ville touristique, personne n'est en cage ici, et les cigarettes vendues doivent avoir d'autres effets secondaires. Ambiance coupe-gorge garantie.
Ouf... tout va bien: la Hollande est un pays comme les autres.

mercredi 22 avril 2009

Amsterdamse waterleidingduinen

Une balade en vélo vers Haarleem. Et puis, un détour pour voir la mer. Un peu loin encore, pour s'arrêter au bout de ce chemin sur la lande. Au final, des heures et des heures d'une étonnante promenade, silencieuse et solitaire... dans le pays de l'Union Européenne où la densité de population est la plus élevée (400 habitants au km2) et l'urbanisation dense (90%).

lundi 20 avril 2009

La compagnie des Indes orientales

En 1602, la Compagnie des Indes orientales s'élance officiellement sur les mers pour mettre sur pied l'une des plus grandes entreprises commerciales de tous les temps et une aventure humaine parmi les plus téméraires. Deux ans après son homologue anglais, et quelques années avant sa version française, la Compagnie des Indes orientales (ou VOC sous son acronyme néerlandais) commencer à se tailler un empire colonial dans cette Asie lointaine, mystérieuse... et riche!
Cette entreprise est intéressante à double titre. Pour les historiens, c'est un laboratoire du capitalisme en gestation, la première société anonyme moderne sur la base d'actions et implantée de manière internationale. C'est la première multinationale!
Beaucoup plus excitant, c'est aussi le prétexte à de décennies d'aventures maritimes, de découvertes extraordinaires, d'histoires palpitantes. Les longues et périlleuses semaines de voyages, les innombrables dangers, les indicibles nouveautés, les indescriptibles paysages... il faut se mettre à la place du marin du XVIIe siècle qui ne connaît que son plat pays, son Europe au climat océanique et aux peaux blanches, à la végétation dominée et moeurs globalement communes. Il faut, juste un instant, essayer de l'imaginer à son arrivée à Zanzibar, à Malacca, à Dejima, après avoir affronté tempêtes, pirates et maladies. Il faut tenter de concevoir à quel point son univers s'étend soudainement et comment tout devient possible, même les légendes les plus incroyables... et aujourd'hui nos mythes les plus passionnants.
Cette visite d'Amsterdam est donc un vivifiant retour à la case départ pour celui qui traîne ses guêtres en Asie, à observer les vestiges de la VOC et à lire au sujet de ses nombreuses traces. Pour moi, c'est aussi l'agréable souvenir de l'année de licence et des cours du professeur Philippe Haudrère, spécialiste des compagnie des Indes, grand voyageur, et qui savait comme personne transporter un amphi bondé par delà des océans...

samedi 18 avril 2009

Amsterdam by night

Amsterdam, la nuit, change de visage. En dehors de quelques quartiers, la ville est d'un calme olympien. Ce n'est pas la magie secrète de Venise, étroite et mystérieuse dans ses ruelles désertées, mais plutôt une ouverture douce et rassurante. Les canaux ne cillent pas et dédoublent des rues aux couleurs chaleureuses. Sur les pavés, les pas résonnent loin.

jeudi 16 avril 2009

Décomposition

Dans la rue, quatre individus braillards s'extasient avec éclats sur la qualité de leur herbe, en partant dans d'exubérants délires, théâtralisés par l'émulation; plus loin, deux autres vomissent dans le canal les mélanges de la soirée; à quelques pas de là, un quidam est prostré sur des marches, incapable du moindre mouvement.
Oui, fumer des cigarettes qui font rire est toléré aux Pays-Bas. Et une partie non négligeable du tourisme repose sur cette légendaire ouverture d'esprit du pays à l'égard des drogues douces. Étonnamment, le regard des autochtones sur ces visiteurs qui perdent toute inhibition au contact des paradis artificiels est souvent sévère. Car la législation s'adresse avant tout aux Hollandais eux-mêmes, qui peuvent avec parcimonie s'adonner chez eux à ces plaisirs, et non pas à des hordes veules, et souvent très jeunes, de touristes qui prennent en trois jours de quoi se retourner la tête pendant un an.
Ce qui est interdit ailleurs, sous prétexte d'être d'usage ici, se doit pour beaucoup d'être affiché avec une étonnante débauche d'énergie. Fumer ostensiblement, "tripper" de façon collégiale et publique, et dépasser toutes les limites sous prétexte que c'est l'endroit idéal... c'est ne pas avoir compris le message et l'âme de cette ville. Il y a de l'amertume ou du mépris chez beaucoup d'habitants.




mardi 14 avril 2009

Amsterdam la rouge

Dans le port d'Amsterdam... il faut évidemment que les marins crient et pleurent pour des femmes. C'est dans la chanson. A la différence que les ambiances de tripots, des bars agités par la houle et le houblon, tout cela a disparu ici. J'avais en tête l'atmosphère d'un quartier populaire d'Anvers, près du port, où j'avais longuement erré, il y a quelques années. Une saleté glauque, une faune bigarrée... des types louches adossés aux portes à attendre on ne sait quoi. Et mon auberge de jeunesse tenue par un junkie, au milieu de tout ça, avec les dortoirs remplis de travailleurs immigrés des pays de l'Est. J'avais alors un guide de voyage qui datait... Bref, il y avait de l'interlope, de la vie, de la survie. Toutes les grandes villes du monde ont leurs cours des miracles, celles visibles qui renvoient une fascinante image au voyageur de passage, un étrange appel du vide, et celles invisibles, qu'on devine... où tout est possible.
A Amsterdam, le quartier chaud a la froideur d'un étalage de supermarché au rayon frais. Il ne manque que le fléchage de l'office du tourisme pour guider le bedeau d'une ruelle à l'autre. On s'y promène avec les enfants pour voir les "dames en vitrine" et ce que la famille modèle interdirait ailleurs devient ici une attraction de premier choix. Alors évidemment, voir un marin en costume déambuler tranquillement à la recherche de la sirène d'un soir... ça, c'est bien plus exotique.

vendredi 10 avril 2009

Tuschinsky 2

LA grande salle du Tuschinsky. Au regard du billet précédent, nul n'est besoin d'ajouter des commentaires. Il manque juste les bâtons d'encens près des offrandes, le mihrab au milieu de la qibla, l'Arche d'Alliance entre deux menorahs, le reliquaire dans le choeur... ou plutôt le tabernacle, pour commencer la communion cinématographique dans ce temple du 7e Art.

Tuschinsky 1

Le saint des saints! Le sanctuaire ultime qui allie l'essentiel de mes passions citadines. Si j'habitais Amsterdam, il me faudrait vivre près de cet endroit merveilleux, faute de pouvoir installer mes pénates à l'intérieur. C'est un cinéma, il date des années 20, son style est un savant mélange d'Art Nouveau et d'Art Déco et son histoire est aussi riche que sa programmation. C'est le Pathé-Tuschinsky.
Construit en 1921, lorsque les volutes naturelles de l'Art Nouveau déclinent lentement en faveur
des symétries de l'Art Déco, le Tuschinsky est aujourd'hui un exemple formidable de la cohabitation délirante de ces deux mouvements. Outre les deux influences artistiques, l'orientalisme en vogue à l'époque est discètement présent, par de subtiles touches. Le souci de l'esthétisme est poussé à l'extrême, jusqu'à la moindre poignée de porte. C'est non seulement une prouesse architecturale, mais aussi technologique, car le bâtiment possédait alors un système de ventilation et de chauffage unique, ainsi que des équipements de projection dernier cri.
L'édifice a été dessiné par Hijman Louis de Jong pour le compte de l'homme d'affaire juif d'origine polonaise Abraham Tuschinsky. La légende raconte qu'en 1903, alors âgé de 17 ans, Tuschinsky est arrivé à Rotterdam dans le but d'émigrer aux Etats-Unis. Formé au métier de tailleur, il ne semblait guère disposé à suivre la lignée familial. Dans le port hollandais, il découvre une invention récente qui change sa vie: le cinéma! En quelques années, ce passionné parvient à monter quatre salles de projection, puis, au cours de la Première guerre mondiale, il relocalise ses activités à Amsterdam. Il y prépare son chef d'oeuvre: son cinéma, son temple à la gloire du 7e Art. Le Tuschinsky ouvre en octobre 1921.
Pendant la Seconde guerre mondiale, la famille Tuschinsky est déportée et assassinée à Auschwitz. Le cinéma est temporairement rebaptisé Tivoli, pour gommer son origine juive... Après la guerre, le monument reprend son nom; un orgue immense est installé et la grande salle est dévolue à des concerts: de Fats Domino à Edith Piaf, en passant par Maurice Chevalier et Dizzy Gillespie, les artistes du moment passent tous au Tuschinsky. L'édifice, usé et quelque peu obsolète décline, et revient à sa fonction d'origine en 1974.
Des travaux sont lentement engagés pour restaurer le cinéma. L'essentiel est accompli entre 1998 et 2002. La société française Pathé s'y installe en construisant à l'arrière, et de manière indépendante, un immense complexe moderne, qui permet d'allier la nécessaire rentabilité à la conservation de ce qui est devenu un monument historique.

samedi 4 avril 2009

Architecture moderne (Amsterdam)

Et ça continue! Encore aujourd'hui, Amsterdam innove, que ce soit dans le cadre d'initiatives privées ou publiques. La ville refuse d'être mise sous cloche, de se muséifier comme c'est le cas pour Bruges ou Venise par exemple... Quelque soit le jugement qu'on porte sur ces nouveautés architecturales, elles ont le mérite d'exister et d'apporter quantité de réponses, bonnes ou mauvaises, aux débats en cours sur l'urbanisme.
La grande mode est également à la réhabilitation de bâtiments anciens, souvent des entrepôts ou des hangars, en logements modernes et "branchés". Une évolution que New York et Londres ont connu il y a quelques temps déjà avec leurs quais désaffectés. Du coup, cette nouvelle vague provoque la construction d'édifices de bureaux ou d'habitations qui ressemblent fort à des bâtiments de l'ère industrielle... avec quelques contre pieds: bien plus de "végétalisation" (l'horrible mot est d'usage chez les géographes et les urbanistes) et des imbrications parfois étonnantes.

vendredi 3 avril 2009

Art Déco (Amsterdam)

Les années 20-30 ont-elles été marquées par un particulier regain de l'architecture? Ou est-ce parce que les traces de cette époque sont mieux conservées? Ou plus simplement parce que j'y suis plus sensible... Mais l'Art Déco sous toutes ses formes et ses nuances est fort bien représenté à Amsterdam. A l'excès ou dans les moindre détails, la plus petite balade dans les rues est un régal pour les yeux.
Le Bauhaus de Gropius ouvre en 1919 en Allemagne; mais on considère que la naissance officielle de ce style est à Paris, en 1925, lors de l'Exposition internationale des arts décoratifs. Amsterdam est en quelque sorte sur le chemin, entre les deux, et il est évident que la proximité de la culture germanique a sûrement facilité la diffusion de l'Art Déco dans cette ville.

jeudi 2 avril 2009

Art Nouveau (Amsterdam)

Art Nouveau, Art Déco, et toutes les autres formes d'architectures modernes possibles et imaginables semblent se donner rendez-vous à Amsterdam. La ville est un vaste musée des arts de la construction, un catalogue de façades où chaque style est osé et abouti. Tout cela évidemment sans parler des bâtiments plus anciens (avant le XXe siècle). Il n'y a pas d'esquisses, d'influences ou de parties qui s'inspirent de tel ou tel genre: c'est le plus souvent une architecture assumée, sans complexe, qui montre le foisonnement culturel de cette ville à travers les âges. Seule Prague, peut-être Bruxelles, mérite à mon avis la comparaison en terme de densité dans la diversité.
Pour l'heure, entre deux maisons où l'austérité s'affiche dans le sombre, et la régularité dans l'alignement, apparaissent souvent quelques trésors de rondeurs, de couleurs et d'harmonie. L'Art Nouveau s'invite de manière inattendue.