jeudi 16 avril 2009

Décomposition

Dans la rue, quatre individus braillards s'extasient avec éclats sur la qualité de leur herbe, en partant dans d'exubérants délires, théâtralisés par l'émulation; plus loin, deux autres vomissent dans le canal les mélanges de la soirée; à quelques pas de là, un quidam est prostré sur des marches, incapable du moindre mouvement.
Oui, fumer des cigarettes qui font rire est toléré aux Pays-Bas. Et une partie non négligeable du tourisme repose sur cette légendaire ouverture d'esprit du pays à l'égard des drogues douces. Étonnamment, le regard des autochtones sur ces visiteurs qui perdent toute inhibition au contact des paradis artificiels est souvent sévère. Car la législation s'adresse avant tout aux Hollandais eux-mêmes, qui peuvent avec parcimonie s'adonner chez eux à ces plaisirs, et non pas à des hordes veules, et souvent très jeunes, de touristes qui prennent en trois jours de quoi se retourner la tête pendant un an.
Ce qui est interdit ailleurs, sous prétexte d'être d'usage ici, se doit pour beaucoup d'être affiché avec une étonnante débauche d'énergie. Fumer ostensiblement, "tripper" de façon collégiale et publique, et dépasser toutes les limites sous prétexte que c'est l'endroit idéal... c'est ne pas avoir compris le message et l'âme de cette ville. Il y a de l'amertume ou du mépris chez beaucoup d'habitants.




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