vendredi 24 avril 2009

Zuyderzee

Le Zuiderzee, c'est ce golfe, cette mer qui pénétrait profondément dans les Provinces-Unies devenues Pays-Bas. De 1811 à 1814, c'est aussi le nom du département français, fruit des conquêtes napoléoniennes. Avec les travaux de l'ingénieur Cornelis Lely et les grands projets de polderisation, c'est devenu un immense lac, une mer intérieure. Une autre escapade à bicyclette s'imposait.
Ciel bleu et herbe grasse; variations de bleus, nuances de verts. Maisons de poupées et villages dignes de fermes miniatures pour enfants, peintures fraîches et propreté impeccable... Tout respire "luxe, calme et volupté" comme dirait un certain, sans pour autant me l'inspirer vraiment. Il y a comme quelque chose d'artificiel. J'ai l'impression d'un gigantesque décor de cinéma, et je n'imagine personne vivre des existences aussi rangées et propres, aussi parfaites en apparence. Est-ce le fait de venir d'une Asie bouillonnante et en constante mutation? Les campagnes néerlandaises font un drôle d'effet. Je pédale. Ces quelques gens, derrière leurs fenêtres sans rideaux, on dirait des figurants, droits, bienheureux, mais étrangement inactifs. Une odeur de chocolat chaud dans la ruelle, une jolie maman et sa petite fille à couettes rigolent de bon coeur. Je pédale. Un paysan accoudé sur son outil me salue à la sortie du village; le chaud parfum des foins. Je pédale.
Impossible: je vais me réveiller d'une simulation de réalité virtuelle.
Plus tard dans la journée, je me perds sur la route du retour vers Amsterdam. Le ciel s'assombrit. Il commence à bruiner lorsque je pénètre dans le Amstel park, en banlieue de la métropole. Une toute autre atmosphère m'attend à la tombée de la nuit: junkies à la dérive, jeunes messieurs aux moeurs légères et demoiselles tarifées sont en chasse. Contrairement au centre-ville touristique, personne n'est en cage ici, et les cigarettes vendues doivent avoir d'autres effets secondaires. Ambiance coupe-gorge garantie.
Ouf... tout va bien: la Hollande est un pays comme les autres.

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