dimanche 21 mars 2010

Kuqa, Kuche, Kucha, et caetera

Dernière étape avant le retour à Urumqi: Kucha. Ville plate, glauque, morne. Depuis les événements de juillet, le peu de touristes qui voyage est surveillé de près... Un seul et unique établissement dans chaque ville peut accueillir les étrangers; ici, il est loin du centre et près de la gare... pour ne faire de cette ville qu'une étape. C'est ainsi qu'il nous faut établir nos quartiers dans une pièce montée en stuc, résumé parfait du kitsch chinois pour nouveaux riches. Ostentation des colonnes et festival de dorures dans ce lieu tellement décalé du reste de la région...
L'hôtellerie n'est ici qu'un prétexte pour l'installation d'un karaoké et d'une boite de nuit, véritable centre d'attraction de ce lieu tenu par le gouvernement. Sur la table de nuit, une affichette avec une créature lascive et un numéro de téléphone semble signifier qu'un service à domicile d'un certain genre est possible... Les doutes n'étaient déjà plus permis depuis notre passage devant l'usine à bruit qui sert de discothèque, où un étalage de jeunes filles, fort peu habillées pour la saison, attendaient le chaland. Plus fort, le coup de téléphone dans la chambre lors de la fermeture de l'établissement vers 23h30: une chaude voix féminine semble proposer, en mandarin dans le texte, quelques réjouissances tarifées. Les deux seuls étrangers de l'hôtel seules cibles de ce démarchage? Les sonneries dans les chambres voisines et les mouvements qui suivent dans les couloirs laissent penser que ce sont plutôt les nombreux entrepreneurs chinois qui sont visés... contrairement à ce que les médias européens aiment à montrer en Asie, ces activités sont massivement plébiscitées par la clientèle locale avant tout...
Kucha, ville moderne du Xinjiang en pleine renaissance économique grâce à l'injection de capitaux pékinois, étend ses froides artères dans toutes les directions. Les larges voies d'asphaltes font le vide dans cet urbanisme sans âme. On s'y sent plus seul que dans le Taklamakan, plus isolé qu'au lac Karakol. Et quand la nuit tombe, un ineffable spleen s'empare de l'esprit.

1 commentaire:

Tom a dit…

très bien écrit et ressenti. Merci