dimanche 31 janvier 2010

Yusup Hazi Yajup

Mausolée oublié derrière le centre ville, la tombe de Yusup Hazi Yajup célèbre pourtant de bien belles valeurs. Ce penseur musulman du XIe siècle a écrit La connaissance du bonheur.

samedi 30 janvier 2010

Mausolée Abakh hoja

Abakh Hoja fut au XVIIe siècle roi du Turkestan oriental (autre nom du Xinjiang). L'historiographie chinoise officielle se borne à le considérer comme "leader politique". Les luttes de pouvoir et d'influence dans la région à cette époque étaient déjà fort compliquées...
Son mausolée est connu dans toute la Chine car c'est là que repose la "concubine parfumée". Iparhan était, selon la légende, une jeune Ouïghour d'une beauté exceptionnelle, réputée pour l'arôme délicat de son corps. D'aucuns disent que ses bains au lait de chameau étaient le secret de son étourdissant parfum. Donnée en cadeau comme favorite à l'empereur Qian-long (XVIIIe siècle), elle s'est toujours refusée à lui, se rendant ainsi plus désirable. Les circonstances de sa mort sont obscures: suicide pour ne pas être "salie" par l'empereur ou assassinat organisé par la mère du souverain... Évidemment, la fin d'une telle histoire ne pouvait être que tragique. Aujourd'hui, le souvenir de cette princesse est encore utilisé à des fins politiques: symbole de l'unité entre les ethnies pour la Chine, c'est une figure de résistance pour les Ouïghours...

jeudi 28 janvier 2010

Boulangerie - Kashgar

Ces galettes de pain qu'on appelle le plus souvent "nan" sont communes à toute l'Asie centrale et sont déclinées de diverses manières jusque dans le Sud de l'Inde. C'est l'aliment de base, croustillant au milieu et tendre sur les côtés, parfois légèrement épicé et huilé. Un régal...

mercredi 27 janvier 2010

Ciné Kashgar

Dans la rue, quatre bancs et une vieille télé à l'image chevrotante au dessus d'un étal de boissons sucrées. C'est la fin des cours, les bambins débarquent pour suivre leur programme quotidien...

mardi 26 janvier 2010

Mosquée Idkah - Kashgar

C'est la plus grande mosquée du Xinjiang, avec une capacité d'accueil de 20000 fidèles. L'édifice du XVe siècle a beaucoup été remanié et ne présente pas d'intérêt historique particulier. En revanche, c'est un centre islamique très actif encore aujourd'hui.
C'est l'occasion de s'amuser des lectures officielles qui sont destinées aux touristes dans ce genre de lieux. Il y a presque toujours un panneau bleu, dont les deux ou trois premiers paragraphes sont réservés à l'historique du bâtiment et à quelques anecdotes. Bien souvent, quelques dérives peuvent déjà apparaître dans la manière de considérer certaines périodes historiques... mais rien de grave. Systématiquement en revanche, le dernier paragraphe de ces placards gouvernementaux part en vrille.
Exemple ici (texto): "All of it shows fully that Chinese government always pays special attentions to the another and historical cultures of the ethnic groups, and that all ethnic groups warmly welcome Party's religious policy. It also shows that different ethnic groups have set up a close relationship of equality, unity and helps to each other, and freedom of belief is protected. All ethnic groups live friendly together here. They cooperate to build a beautiful homeland, support heartily the unity of different ethnic groups and the unity of our country, and oppose the ethnic separatism and illegal religious activities."
On en rigole encore.

lundi 25 janvier 2010

Le raisin du Xinjiang - Kashgar

Fruit du Xinjiang par excellence... 90% du raisin chinois vient de cette province et le plus souvent des alentours de Turpan. Ce serait au contact des Perses que les Ouïghours auraient développé cette culture il y a plusieurs siècles. On trouve principalement du blanc, agréablement sucré et de belle taille. Le goût du noir, lorsqu'il est séché, tend même vers figue.
De plus en plus, les vignes sont arrachées entre chaque récolte, car le raisin est sans pépin, donc génétiquement modifié. Il faut replanter chaque année avec de nouvelles semences... Un commerce lucratif qui, d'une certaine manière, empêche toute volonté d'autonomie à l'égard de l'agrobusiness chinois, et donc du gouvernement.

vendredi 22 janvier 2010

Vieux quartier ouïghour - Kashgar

Irréductible morceau du passé qui résiste encore à l'assaut des pelleteuses, le vieux quartier ouïghour de Kashgar attend patiemment sa fin. Frôlée par des rocades bourdonnantes d'automobiles, rongée par d'affreux immeubles neufs, cette partie de la cité n'est plus que l'ombre des récits des voyageurs du début du siècle. Depuis le lac de l'Est, on peut voir une butte de latérite à vif, c'est la colline sur laquelle est posée ce quartier qu'on entame chaque jour un peu plus pour de nouvelles constructions.
Aujourd'hui, la population a été invitée à se déplacer dans les périphéries où il subsiste une ambiance de village agréable et bon enfant... Ici, l'âme est déjà partie et la tradition se maintient comme elle peut, se sachant déjà condamnée. Alors, malgré les soi-disant mouvements de préservation du patrimoine local et de conservation de l'héritage culturel, il n'est plus donné à voir qu'un quartier fantôme, triste cimetière d'une autre époque... C'est ce qui arrive quand on veut canaliser et maîtriser un peuple, contraint à choisir la voie officielle du progrès.

Ouïghour

mercredi 20 janvier 2010

Arrivée à Kashgar (Kachgar, Kashi, Qesqer...)

Pour les commerçants de la Route de la soie, Kashgar était une étape importante: la première véritable halte en Chine (ou en protectorat chinois...) en venant de l'Occident. Point de passage et de ravitaillement, c'était un verrou incontournable dans la région, entre les hautes montagnes à l'Ouest et le désert du Taklamakan à l'Est. C'est encore vrai aujourd'hui.
La ville porte encore dans les appellations qu'on lui donne, les multiples influences de son histoire... même l'origine métissée du nom: "Qash" signifie "jade" en ouighour et "Ghar", "cave" en arabo-persan. C'est aussi un point d'ancrage essentiel de l'Islam. Après la déroute des Arabes contre les Chinois en 751 à Talas, c'est par cette ville que les idées passaient avec les produits...
Inutile de revenir sur l'aspect de la cité aujourd'hui; Kashgar n'a pas échappé à la règle du nivellement urbain à la chinoise. Grandes avenues, immeubles froids... et troupeaux de chèvres en vadrouille car, quoi qu'on veuille montrer, l'économie pastorale traditionnelle reste essentielle dans les alentours!

lundi 18 janvier 2010

Train Turpan-Kashgar

21h de trajet dans un train poussif mais efficace; univers de bakélite et de vieux plastique froid, décoré de rideaux en crépon rose et de sols en linoléum vert pâle... Les compartiments ne ferment pas et donnent sur des couloirs bruyants, alimentés par les odeurs de nourriture froide, de toilettes saturées et de tabac, le tout bien souvent mélangé. L'uniforme des femmes d'entretien, rapidement débordées, n'est pas sans rappeler celui blanc et bleu des infirmières anglaises pendant la Seconde guerre mondiale... Les wagons étant parcourus par des militaires, des contrôleurs et autres fonctionnaires en tenues d'officiers et épaulettes garnies, il y a comme une ambiance années 40-50!

D'aucuns diront que, 21 heures, cela laisse du temps pour refaire le monde... Là, c'est le monde qui se refait devant nous. Très vite, le train s'éloigne de toute trace de civilisation et le spectacle donné est à couper le souffle. Les processus géologiques s'accélèrent et des millions d'années défilent; les montagnes se forment et se déforment, les vallées se creusent et se remplissent, sur le rythme saccadé du train... Instants volés au Temps, quelques clichés fugitifs attestent bien mal de l'ampleur.

La nuit tombe alors que nous croisons une scène bien étrange. Devant les rails, le train croise un militaire au garde à vous... au milieu de nulle part; fruit de l'imagination sans doute. Une minute plus tard: même scène surréaliste d'un planton casqué, arme sur l'épaule devant une guérite minuscule. Ainsi, pendant une quinzaine de minutes au crépuscule, à intervalle régulier, nous avons croisé ces militaires qui gardaient le désert et quelques montagnes un peu plus loin... et sûrement autre chose.

Un livre plus tard (l'errance de "L'alchimiste" de Paulo Coelho était parfaite à lire d'une traite dans ce contexte de traversée du désert), le jour se lève sur ces paysages de l'origine du monde, et quelques heures plus tard, enfin, nous arrivons à Kashgar!

samedi 16 janvier 2010

La vallée d'Eden - Jiahoe

Jiahoe signifie la "rencontre des rivières" car le site est en réalité une île enchâssée entre deux vallées verdoyantes, au milieu d'un désert d'une blancheur poudreuse. On ne distingue ces deux trésors de fertilité qu'à condition de s'en approcher assez près. Les deux failles sont bien encaissées et la césure est brutale, révélant un tout autre univers. De quoi se remémorer de palpitants romans d'aventures dont l'après-guerre était si friand... des histoires de civilisations oubliées qui continuent à vivre hors du temps, hors du monde moderne. La vallée infernale, la vallée oubliée, la vallée d'éden, la vallée de la Création...

vendredi 15 janvier 2010

La cité perdue de Jiahoe


La cité de Jiahoe est sûrement la mieux conservée de la région. Celle qui devait être autrefois une grosse bourgade, vivante et active, n'est plus que rues désertes et vestiges désolés; cité de silence et solitude. Jiahoe est pourtant de ces sites historiques au fort pouvoir évocateur. On devine... ici ce qui devait être une artère commerçante et là un quartier résidentiel. On imagine... sur la grande place, les bruits d'une activité marchande; sur les remparts, les soldats de la garnison Han qui veillent.

jeudi 14 janvier 2010

Bezklik et ses grottes au mille Bouddhas

Dans un ravin des montagnes enflammées, sur le même principe qu'à Tuyuk, moines et dévots bouddhistes ont peints des centaines de fresques dans de petites grottes. Ces témoignages du IXe siècle sont de précieux exemples de l'art greco-bouddhiste, qui montre les influences de l'art grec, mais aussi perse, sur la religion bouddhiste...
Comme à Tuyuk, les fresques ont presque toutes disparu, selon des méthodes et des motivations différentes... Vers le XVe ou XVIe siècle, les iconoclastes musulmans ont défiguré les représentations humaines, parfois en trouant simplement les yeux. Au début du XXe siècle, les archéologues allemands ont découpé avec application de larges pans de murs qui, pour la plupart, ont brûlé dans les bombardements de Berlin de 1943 à 1945...
Enfin, les coups de pioches et le vandalisme généralisé sont le fait de la Révolution culturelle. A partir de 1966, Mao revient au pouvoir en s'appuyant sur la jeunesse fanatisée que sont les gardes rouges; il lance une vaste opération politique visant à "détruire les quatre vieilleries" (vieilles idées, coutumes, habitudes et cultures). Intellectuels, monuments religieux et bibliothèques anciennes ont difficilement survécu à cette période, même dans les confins du pays.

mercredi 13 janvier 2010

Les montagnes enflammées - 3

Les montagnes enflammées (traduction littérale de leur nom chinois) rougeoient différemment selon les heures de la journée... Elles ont servi de décor à de nombreux films, notamment le "Tigre et Dragon" de Ang Lee.
Dire que ces paysages sont à couper le souffle est encore un euphémisme. La Terre, dans ses tourmentes géologiques les plus naturelles, offre un voyage hors du Temps...

samedi 9 janvier 2010

Gaochang - région de Turpan


Fondée pendant la dynastie Han, vers le Ier siècle avant J.C., la ville de Gaochang n'était au départ qu'une garnison, un poste avancé dans la conquête des régions de l'Ouest... Plus tard, c'est devenu un centre culturel riche, point de rencontre entre le Manichéisme et le Bouddhisme. La cité a été détruite au XVIe siècle, laissant de fantomatiques vestiges mangés par le désert.

vendredi 8 janvier 2010

Plus loin...

Après le village, au-delà de la vallée des mille Bouddhas, les montagnes reprennent leurs pleins et absolus pouvoir. A perte de vue, un relief tourmenté joue avec les ombres. Indifférente à tout, la roche poursuit son apprentissage géologique...

jeudi 7 janvier 2010

Les grottes aux mille Bouddhas de Tuyuk

Non loin derrière le village, un couloir de verdure s'enfonce entre les montagnes... Quelques arbres escortent un minuscule cours d'eau jusqu'à Tuyuk, au milieu d'un tapis d'herbes folles. Dans les parois rocheuses, des dizaines de grottes témoignent d'une activité religieuse bouddhiste intense par le passé. Il n'y a plus rien à voir désormais dans ces anfractuosités de dévotion, ravagées par le temps, les iconoclastes musulmans, les archéologues européens et la Révolution culturelle de Mao... Il reste un paysage baigné de solitude, épargné même par le soleil qui tarde toujours à faire pénétrer ses rayons jusqu'au fond de la vallée.

mercredi 6 janvier 2010

Cimetière de Tuyuk - région de Turpan


Ce qui différencie Tuyuk (parfois Tuyok) de nombreux autres villages Ouïghours, et a sûrement contribué à sa préservation, c'est son "mazar", autrement dit mausolée. C'est là (photo ci-dessous) que repose celui qui est considéré comme le premier musulman ouïghour, au XIe siècle. Dans un carré aux fragiles remparts de terres à côté du cimetière, s'élève le petit dôme de faïence verte. L'endroit semble modeste mais sacré, et une croyance populaire affirme que sept pèlerinages à Tuyuk sont équivalents à un voyage religieux à La Mecque...

dimanche 3 janvier 2010

Tuyuk - région de Turpan

Cliquez sur le panorama pour l'agrandir...

Quelques heures de route encore, et l'aventure semble enfin commencer. Il en aura fallu du temps depuis le départ de Hong Kong pour s'enfoncer assez loin dans le Xinjiang et trouver ces paysages tant attendus... Et ce n'est maintenant que le début!

samedi 2 janvier 2010

Mosquée Sugong - Turpan

A quelques kilomètres de Turpan, première découverte. La mosquée Sugong date du XVIIIe siècle et a été construite en l'honneur du Prince Emin, l'un des rares habitants de Turpan, à cette époque, à avoir accompli le pèlerinage à La Mecque. L'architecture du minaret surprend et, bien loin du style Han ou Hui des mosquées construites en Chine, c'est un édifice clairement inspiré par l'Islam d'Asie centrale et du Moyen-Orient... premier indice concret de ce point de passage séculaire entre l'Extrême-Orient et son vaste et complexe Occident.