jeudi 31 décembre 2009

Drôle d'oiseau du peuple - Urumqi

Toujours le dimanche matin, dans le parc du peuple; le soleil monte et réchauffe un peu les promeneurs engourdis. Voilà qui donne des ailes à ce danseur particulièrement inspiré... Il en faut des ailes ici, pour pouvoir s'évader un peu. Outre une offre limitée de loisirs, Urumqi est l'endroit du globe le plus éloigné de toute mer; il faut parcourir 2500 km au minimum pour approcher un rivage: tout un symbole.

mercredi 30 décembre 2009

Le parc du peuple - Urumqi

Un dimanche matin à Urumqi. Le parc du peuple.
Quelle que soit la ville en Chine, le parc est toujours un lieu de rendez-vous incontournable pour les artistes amateurs. On apprécie de se retrouver pour partager chansons, danses, Tai Chi ou calligraphies... A ce sujet, les plus modestes s'entraînent directement sur le sol, avec d'ingénieux pinceaux à l'eau. Les allées sont constellées de signes délicats, qui grossissent dans les veines des dalles, puis s'effacent doucement. Une belle pratique de l'art éphémère.

mardi 29 décembre 2009

Carte du périple - Xinjiang

Le Xinjiang est une partie lointaine et très peu peuplée de Chine; officiellement, c'est une "région autonome". Il y a encore quelques décennies, cette province était majoritairement peuplée par les Ouïghours, ethnie musulmane très caractéristique de l'Asie centrale; ils sont désormais numériquement dominés par les Chinois (terme cependant vague, mais pour qui l'appellation de Hans serait également bien trop restrictive). Savoir si ce territoire est "naturellement" chinois est une polémique encore douloureuse; l'Empire du Milieu a toujours tenté de dominer cet espace clé, vital pour le commerce de la route de la soie. Dès le Ier siècle de notre ère, la région connaissait déjà une forme de protectorat, et par la suite des situations et des fortunes diverses, avant d'être annexée purement et simplement au XVIIIe siècle, non sans de vives réactions encore visibles aujourd'hui.
Notre périple ne pouvait être que modeste dans cette province grande comme trois fois la France. Trois parties semblaient toutefois incontournables: parcourir la route de la soie autant que faire ce peut, visiter les montagnes de la région du lac Karakol et traverser le désert du Taklamakan.

Urumqi la neuve

Arriver à Urumqi la tête pleine des récits des voyageurs de la route de la soie était peut-être une erreur. Évidemment, les choses évoluent et c'est fort bien; mais les villes en Chine laissent souvent de désagréables impressions; être loin dans les confins de l'Ouest n'a rien changé. Le plan est le même, de Shenzhen à Kashgar: des routes droites et larges, avec toujours le même mobilier urbain, les mêmes passages souterrains glauques, les mêmes façades neuves et déjà sordides de magasins criards et les mêmes ombres de constructions gigantesques en cours...
Le rouleau compresseur du nécessaire développement urbain est passé, avalant petits quartiers, vestiges et l'âme de la ville; car en vérité, ce ne sont pas les longues langues de bétons rectilignes hérissées de tours qui posent problème, mais bien l'absence d'une histoire, d'un passé palpable au fil des rues, d'une évolution de quartiers en quartiers. Même le parc Hongshan, en plein centre, a du mal à cacher ses artifices récents.
En ce mois d'octobre, il faisait déjà froid. La constante présence militaire et policière ajoute un côté "état de siège" à cette ambiance déjà bien triste... Cuisant rappel des événements de juillet dernier, les patrouilles de blindés, d'uniformes variés ou de civils à brassards rouges toujours en lignes par quatre, seront le quotidien de tout le voyage.

lundi 26 octobre 2009

Soirée électorale - Madras

Une nuit, dans une rue commerçante d'un quartier populaire. "La plus grande démocratie du monde" est en marche. Pleins feux sur un homme. Une vingtaine de chemises blanches l'écoutent avec attention, assis autour de lui. Badauds et boutiquiers alentours lui prêtent une oreille distraite. Un homme décharné et son enfant, presque nus, dorment sur une planche en bois à une dizaine de mètres.
"Aucun pays ne s'est jamais élevé sans s'être purifié au feu de la souffrance", Gandhi.

samedi 24 octobre 2009

Saint Thomas - Madras


La basilique est modeste. Et pourtant, elle accueille une dépouille importante pour l'Eglise catholique: un apôtre, l'un des Douze... qui est aussi l'un des trois visibles dans le monde. Jacques est à Compostelle en Espagne, Pierre est à Rome en Italie et Thomas... à Madras en Inde! De récentes fouilles à Saint-Paul-hors-les-murs, à Rome, auraient exhumé les restes de Paul de Tarse qui se revendiquait comme un apôtre... mais cette potentielle nouveauté n'enlève rien au caractère exclusif des trois autres tombes, où les apôtres sont entiers et officiellement attestés. Thomas l'incrédule, était chargé d'évangéliser les Indes; il visait tout d'abord une communauté juive installée dans le Kerala. C'est finalement auprès de la population locale que le message chrétien a trouvé écho... jusqu'à ce que Thomas soit arrêté et tué à coup de lance dans l'année 72.

vendredi 23 octobre 2009

Star academy - Madras

S'il est une attraction qui a du succès sur la plage de Madras... ce sont ces stands palissés de stars en bois. Chanteuse à succès ou acteur à la mode, les souriantes silhouettes accueillent les Indiens qui rêvent du succès de leurs idoles. Sur fond de Taj Mahal ou de verdoyante prairie, des scènes surréalistes sont immortalisées pour une poignée de roupies.

jeudi 22 octobre 2009

Manèges de plage - Madras

La nuit tombe, les festivités continuent. Les couleurs s'agitent dans les manèges en bois que des commis font tourner à grand renfort de manivelle.

mardi 20 octobre 2009

Barbe à papa ambulante - Madras


Flutiot plage - Madras

Ces drôles d'épis sont des flûtes... que des diablotins mélomanes piaillent à leurs parents, pour ajouter à la cacophonie de la plage quelques longues notes à l'harmonie douteuse.

lundi 19 octobre 2009

Plage foraine - Madras

A partir de la fin de l'après-midi, la plage de Madras, c'est tout un poème... Sur cette large bande de sable qui semble ne pas vouloir révéler la mer et s'étale sur plusieurs kilomètres de long, s'organisent les loisirs populaires de toute la ville. Madras offre peu d'espaces aérés, c'est une cité dense. C'est donc ici que s'exprime la liberté des plaisirs partagés: gargotes végétariennes, stands de foires, manèges de fortune et fantaisies récréatives en tout genre.

samedi 17 octobre 2009

Parcours colonial 2 - Madras


Oppressante cité que cette ruche bourdonnante. Madras est de prime abord une ville étouffante, conçue en quartiers cloisonnés, entre lesquels il est difficile de parcourir les distances à pied. C'est un vaste étalage anarchique de centaines de milliers de vies, que seule la présence de la mer parvient à rendre vivable. Paradoxalement, il y règne une atmosphère agréable lorsqu'on prend le temps de se poser dans certains quartiers, sans ambitionner des rayonnements pédestres qui se soldent par d'interminables rocades sans ombre, qui viennent à bout des meilleures volontés. Au gré de quelques musardises, on peut admirer de très beaux édifices coloniaux, du style victorien à quelques surprises Art Déco ou franchement orientalistes. A noter, le palais de justice de Madras (photo 2), le plus grand du monde en superficie... des kilomètres de couloirs, de cours et de coursives: un magnifique labyrinthe aux rouges entêtants.

mercredi 14 octobre 2009

Les cinq rathas - Mahâbalipuram

De loin, les fameux rathas de Mahâbalipuram ne présentent pas un intérêt à couper le souffle. Légèrement à l'écart du village, ce sont cinq petits temples avec, à leur côté, un lion, un éléphant et un taureau, véhicules des Dieux. Ils seraient les représentations en pierre de temples plus grands ayant existé en matériaux périssables. En réalité, l'intérêt réside dans le tour de force créatif: ces constructions sont monolithiques... elles ont été lentement taillées dans une seule et même pierre, une colline lentement ciselée jusqu'à prendre la forme des rêves divins.

mardi 13 octobre 2009

Bas reliefs - Mahâbalipuram

Le parc au centre du village recèle de nombreuses excavations, souvent inachevées, datant toutes d'une même époque de folie des grandeurs, entre le VIIe et VIIIe siècle. D'ambitieux projets semblent avoir été mis en chantier parallèlement, et seuls quelques uns ont été achevés avec talents. La balade dans les alentours ressemble à un agréable jeu de piste, pour débusquer ces petites grottes ornées d'histoires merveilleuses ou de mystérieuses ébauches...

lundi 12 octobre 2009

Mahâbalipuram

A une soixantaine de kilomètres au Sud de Madras, Mahâbalipuram est une charmante station balnéaire, classée depuis 1985 au patrimoine mondial de l'Unesco. Elle offre en effet bien plus qu'une longue plage de sable fin et la langueur d'un village de pêcheurs sous les tropiques... C'est un site archéologique dont l'ampleur est difficile à saisir au premier coup d'oeil. Quelques trésors se détachent avec évidence, comme la fameuse Descente du Gange, qui serait, fort de ses 27 mètres de long et 9 mètres de hauteur, le plus grand bas-relief du monde; c'est quoi qu'il en soit une imposante pièce narrant un épisode du Ramayana, l'un des deux principaux livres sacrés.

dimanche 11 octobre 2009

Auroville et la clique d'Aurobindo

Cette sphère aux accents typiquement années 70 est le Matrimandir, centre spirituel et géographique d'Auroville. C'est également le seul point d'intérêt qu'il est donné à voir aux curieux qui viennent pour essayer de comprendre le mécanisme de cette étrange cité, située à quelques kilomètres de Pondichéry.
Auroville a été fondée en 1968 par les disciples de Mirra Richard, compagne du philosophe indien Sri Aurobindo (décédé en 1950); c'est un "lieu de vie communautaire universelle" où les hommes vivent en paix et en harmonie... Il s'agit donc d'une fondation aux objectifs respectables, aux messages de paix et d'amour qui ne sauraient être critiqués sur le fond; mais c'est aussi un lieu aux dérives sectaires douteuses, hanté par une agaçante opacité.
Mirra Richard est devenue La Mère. Au-delà des déclarations d'ouverture et de tolérance officiellement prônées, c'est bel et bien un culte de sa personnalité qui est pratiqué ici, à chaque instant. D'ailleurs, ce fameux Matrimandir, construit en 1972, ne signifie rien d'autre que Temple de la Mère; et malgré les messages qui martèlent qu'Auroville est la cité de l'Aurore, on est tenté de penser qu'il s'agit d'abord de la ville posthume d'Aurobindo...
Bien loin des discours utopistes sur un monde meilleur, dégagé des contingences financières de nos viles sociétés, Auroville est totalement déconnectée de la société indienne. Il est donc étrange de traverser, à quelques kilomètres de là, misère et précarité, inhérentes à ce pays en développement, pour entrer soudainement dans ce petit Eden bien-pensant, fier de son confort et de ses intentions.
Les étrangers représentent évidemment la majorité des habitants. Pour être résident, il est nécessaire de posséder une somme suffisante pour vivre pendant un an sans être rémunéré par son travail, exigence bien évidemment à la portée du premier roturier... Enfin, il est étonnant de constater, au regard de l'architecture des différentes habitations qu'il est donné d'entrevoir, que cette société égalitaire a reproduit en son sein des distinctions sociales assez flagrantes. Ce délire urbain est un parc d'attraction de longue durée pour Occidentaux en mal de bien-être; c'est un microcosme d'ermites bourgeois nageant dans les contresens, une aristocratie hippie qui baigne dans de gentilles hypocrisies.
Un développement harmonieux, en communion avec les éléments... C'est sûrement pour cette raison qu'en pleine saison sèche, la pelouse autour de la sphère maternelle est arrosée l'après-midi, verdoyante comme une prairie normande alors que les paysages alentours ne reflètent que l'ocre et les jaunes de la sécheresse. Le développement durable est une notion inventée en 1987, c'est vrai...
Il est tout de même juste de noter que ces opulents doux rêveurs ne font en apparence rien de mal, et qu'on ne peut guère leur reprocher de pratiquer le prosélytisme. Il n'en n'est pas de même avec l'héritage de Sri Aurobindo à Pondichéry: le fameux ashram. Aujourd'hui, les deux entités semblent bien séparées, et suivent des chemins différents. On peut se méfier des mystères d'Auroville et prendre avec recul les contestables choix de vie derrière le généreux message, mais les Aurobindiens de Pondichéry, eux, constituent une menace bien plus réelle.
Les écrits de celui qui fut l'un des premiers indépendantistes indiens, avant de devenir un spiritualiste à la plume alerte, servent maintenant de fonds de commerce à une industrie mystique. Il n'est pas question de remettre en cause les vertus de Sri Aurobindo, mort il y a plus d'un demi-siècle et dont les idées, bien que critiquables, méritent le respect du aux grands intellectuels. Il n'est pas non plus question de remettre en cause le principe des ashrams et l'existence des gourous: ce serait caricaturer un phénomène culturel indien déjà galvaudé par des décennies de délires occidentaux. Ce qu'est devenu l'héritage "aurobindien", et la structure actuelle de la secte sont en revanche inquiétants. Des sommes d'argent extraordinaires sont brassées au nom de la spiritualité, et les populations dans le besoin ne reçoivent qu'un vernis, une façade bienséante... suffisante toutefois pour fanatiser une cour de pauvres gens aux ordres d'une puissance sans visage, et quelques profiteurs privilégiés.
Un phénomène est symptomatique et peut servir d'exemple: le nombre de bâtiments achetés par la secte dans la ville blanche de Pondichéry. Depuis quelques années, l'immobilier semble être une pragmatique occupation de ces amateurs de méditation. Des dizaines d'édifices coloniaux sont achetés par la clique mystique, et cette gangrène s'observe avec leur très fâcheuse habitude de repeindre les lieux en gris et blanc... Une bibliothèque ici, un centre d'hébergement là, et combien d'édifices réservés à de quelconques activités qu'on se garde bien de nommer.
L'indianiste Alain Daniélou reportait déjà, dans les années 60:
"L'ashram d'Aurobindo a été l'une des principales entreprises utilisées pour déformer le message de l'Inde et pour exploiter la bonne volonté de beaucoup de gens sincères à la recherche d'une vérité "autre". L'ashram était d'autant plus pernicieux qu'il a été créé par des gens remarquablement intelligents et probablement sincères avec ce fanatisme irresponsable qui caractérise beaucoup d'anarchistes et fait leur force."

samedi 10 octobre 2009

Les aventuriers de l'arche perdue - Gingee

La salle de la carte, au premier rayon de l'aube? Il ne manque que le médaillon au bout du bâton de Moïse pour révéler le lieu précis... D'aucuns pardonneront ces divagations cinématographiques, mais comment ne pas y penser? Cette salle immense et sans fenêtre, qui parait être sous le niveau du sol, c'est un grenier. Au milieu du triangle fortifié de Gingee, dans la vallée, la garnison devait vivre. Et l'essentiel, dans l'attente ou pour tenir en cas de siège, ce sont les provisions. D'immenses caves en pierre ont été bâties, aveugles et creusées légèrement sous le niveau du sol pour capter sa fraîcheur. Dans la chaleur accablante du zénith, c'est un lieu troublant de silence et d'immobilité.


vendredi 9 octobre 2009

Rajagiri citadel - Gingee

Plus haut, sur la deuxième colline, est situé l'autre fort. Réservoirs d'eau souterrains, tours de guets, réseau dense de chemins de rondes, murs d'enceinte doublés... la citadelle est bien mieux équipée pour tenir le siège et servait d'ultime base de repli.

jeudi 8 octobre 2009

Le temple des fourches - Gingee

Un autel encastré dans la roche, trois fourches à l'entrée du périmètre... et des dizaines d'anneaux colorés. Personne n'entre et trois Indiens, devant nous, font scrupuleusement le tour... Quel culte étrange peut bien se dérouler ici, au milieu de nulle part?