lundi 25 février 2008

Fisherman's blues

Les yeux perdus dans la mousseline blanche, leurs mains s'agitent comme sur un taffetas vaporeux. Ils démêlent, mêlent, cousent et recousent, rapiècent et rafistolent les draps qu'ils jettent toutes les nuits sur la mer. Ils font glisser le temps sur ces tissus d'écumes qui emportent avec eux la seule richesse dont ils disposent, celle du large...

De la friture sur la ligne

Les eaux foisonnent de merveilles multicolores et de toutes tailles mais, pour qui reste honnête, les pêches ne sont guère miraculeuses à Malapascua. Avec leurs équipements plus que rudimentaires, les hommes de la mer peinent parfois à ramener de quoi faire vivre leurs familles. Ailleurs, certains ont mis leurs scrupules de côté et ont adopté des méthodes moins traditionnelles, pour le compte de sociétés agro-alimentaires locales et dans l'idée de faire plus de profits: la pêche à la dynamite. Il ne faut pas aller bien loin, juste à quelques kilomètres des zones protégées. Les échos lointains des explosions arrivent souvent aux oreilles des plongeurs; la détonation est sourde, suivie d'un pétillement sec tout à fait perceptible... un bien cruel retour aux réalités pour ceux qui admirent des beautés sous-marines tout justes pulvérisées à quelques encablures de là.

jeudi 21 février 2008

Ita missa est

Très catholiques disions-nous... C'est un souvenir laissé par la colonisation espagnole que la présence américaine n'a pas réussi à transformer en vocations protestantes ou évangélistes. Les églises sont donc nombreuses et la ferveur populaire intense. Pour l'anecdote, à notre arrivée à l'aéroport de Cébu, à 3h du matin, nous avons pris une voiture pour nous rendre jusqu'à Maya à l'autre bout de l'île. Pour lutter contre le sommeil, le chauffeur mettait sa tête par la fenêtre, manipulait son téléphone portable... Morphée étant sur le point de remporter le combat, il s'est décidé à sortir l'arme fatale: une cassette de messes. Chants religieux et fameux sermons: trois heures de liturgie gouaillante et de mélopées lyriques parsemées de "Djiseusss". A mesure que nous foncions sur les routes de campagne philippines au mépris des règlementations élémentaires du code de la route, notre chauffeur élevait son esprit sur les voies du Seigneur...

La grande lessive

Dimanche, jour de seigneur et de grande lessive. Des cordées multicolores traversent les villages, ornementent les enclos. Ce sont de drôles de guirlandes qui sèchent pendant la messe, activité incontournable des très catholiques autochtones.

L'eau vive

Sur une île comme Malapascua l'eau, paradoxalement, peut représenter un problème... L'eau douce évidemment. En période électorale, les candidats et les élus mettent personnellement la main à la poche pour offrir un puits à tel ou tel village; un argument de publicité très apprécié. Les équipements sont souvent précaires et, de fait, les pertes du précieux liquide sont énormes.

lundi 18 février 2008

L'île aux pirates

Un panorama à agrandir (en cliquant) pour se faire une petite idée... qu'il est facile de s'imaginer dans un roman de Stevenson, de Kipling ou autres conteurs d'aventures exotiques.
La jungle, quelques cris d'oiseaux... des indigènes cachés attendent pour faire tomber quelques têtes. On entend déjà une rumeur depuis le village le plus proche où la fumée s'élève. Là-bas, un phare! C'est sûrement le point de repère qui mènera à la cachette d'un trésor formidable, gardé par le squelette d'un pirate, le bras sur son coffre de pièces d'or.
Bon... en vrai, quelques enfants jouaient dans la forêt et au village, les pêcheurs de retour du labeur profitaient de l'électricité pour s'essayer au karaoké. Le fumet de leurs prises étalées au soleil s'échappait au vent. Le phare nous a permis de retrouver la route de notre cabanon; affamés, nous avons dévoré adobo et caldereta préparés par une énorme cuisinière philippine.

Malapascua

Trois heures d'avion pour arriver à Cebu au beau milieu des Philippines, puis quatre heures de route pour rejoindre la petite ville de Maya et encore une heure de bateau pour gagner le petit paradis terrestre de Malapascua. C'est une île minuscule dont on fait le tour en quelques heures de marche. Longtemps ignorée comme destination touristique, elle n'a été "découverte" par les occidentaux qu'au début des années 90. Ce sont les fonds marins qui ont attiré l'attention sur ce confetti philippin: des coraux d'une grande variété, des espèces animales rares comme le poisson mandarin, voire unique à l'instar du requin renard (ou thresher shark). Aujourd'hui, le tourisme est donc essentiellement tourné vers la plongée et reste assez confidentiel comparé aux destinations tropicales habituelles. Il y a peu de resorts et ces derniers sont d'un confort parfois rustique; l'électricité n'est dispensée qu'une dizaine d'heure par jour, maximum...
La route principale de Malapascua n'est pas bien large. Peu importe: il n'y a pas de voitures, juste quelques motos (aucune privée, toutes "taxis"). Rares sont les habitations en dur. Les villages sont équipés de manière rudimentaire; ce qui rappelle que les Philippines restent l'un des pays les plus pauvres d'Asie. Avec un PIB par habitant et par an de 1345 dollars (France: 35404), le pays est au 119e rang mondial... sur 180. Toutefois, son espérance de vie et son système éducatif lui permettent d'atteindre un honorable 0,75 pour son Indicateur de Développement Humain (France: 0,95). Un développement sensible dans certains secteurs mais encore peu visible dans les endroits les plus reculés comme ici. Il est rare que les initiatives immobilières plus stables des autochtones se concrétisent, faute d'argent. La nature luxuriante reprend alors très vite ses droits sur les hommes qui ne maitrisent pas leur environnement.

jeudi 14 février 2008

Le miracle chinois...

La période du nouvel an est propice à la consommation sans limites et aux orgies commerciales en tout genre. Certains se souviennent peut-être d'un autre temps où les images de propagande montraient de braves et fiers ouvriers chinois brandissant le petit livre rouge ou encore des femmes élancées vers la fin de l'Histoire, armées d'un livre ou d'une faucille. Seulement voilà, les temps changent...

La foire au kitsch

Nouvel an lunaire toujours... Des marchés aux fleurs naissent à cette occasion, un peu partout en ville. Celui de Victoria Park est plus cocasse car il est diminué et presque occulté par une foire d'objets grotesques, de ballons publicitaires et de gadgets absurdes. Montagnes de bidules en plastique, raz-de-marée de couleurs sucrées et dégoulinantes et, surtout, des cris à tout-va pour attirer le chaland... La tradition veut que ce soit les étudiants qui animent ce drôle de marché, histoire de gagner de l'argent avant les festivités. Ils se fournissent en bricoles toutes plus futiles les unes que les autres et les vendent à la criée dans une ambiance bon enfant...

CJ7, ovni tragi-comique

Une nouvelle critique sur http://www.hkcinemagic.com. Dicky est un enfant très pauvre. Son père, ouvrier dans le bâtiment, se saigne pour lui offrir une éducation dans une école privée réputée. L’enfant est la risée de ses riches camarades et traverse une période difficile... jusqu’au jour où son père lui ramène de la décharge un bien curieux cadeau. Une boule verte venue de l’espace qui se transforme rapidement en un nouveau compagnon, objet de convoitise et de phantasme, mais aussi d’évasion… Tout cela est bien gentil mais les plus de 12 ans préfèreront s'abstenir. http://www.hkcinemagic.com/fr/express.asp#1719

mercredi 13 février 2008

Ferveur du nouvel an...

Les néons criards et les plastiques colorés, les vitres scintillantes et le clinquant des vitrines ne sont pas toujours de mise à Hong Kong. Il serait réducteur de simplement faire passer la cité pour ce qu'elle parait être. Derrière les faux-semblants tapageurs, il y a toute une civilisation, à cheval entre deux cultures... Morceau de Chine traditionnelle dans un laboratoire économique anglais, fer de lance d'une Asie moderne dans un vestige de l'empire britannique. Encore et toujours des contradictions. Pour la nouvelle année lunaire, une petite visite à la pagode d'Ap Lei Chau s'impose; minuscule havre de religion coincé entre une dizaine d'immeubles d'une cinquantaine d'étages, réconfort de pierre et d'histoire dans un univers de béton en constante ébullition.

Kung Hei Fat Choy

Et meilleurs voeux de prospérité pour cette nouvelle année lunaire placée sous le signe du Rat. Les lai see circulent de mains en mains: ce sont ces enveloppes, de préférence rouges, dans lesquelles on place des billets (neufs obligatoirement) en guise d'étrennes. Ces dernières semaines, les banques étaient prises d'assaut pour la distribution de ces précieuses coupures immaculées. Le renouveau est une notion importante du nouvel an chinois: nouveaux habits accompagnent les nouvelles résolutions ainsi que d'innombrables superstitions. Modernisation oblige, les animaux de l'horoscope chinois prennent de plus en plus la forme de créatures de dessins animés. Le rat devient plus positivement souris, le kitsch des mises en forme dénature les traditions au profit d'un esprit mercantile. Le "rat" officiel de Hong Kong m'a paru tout droit sorti de Bernard et Bianca... et celui du quartier d'Aberdeen ressemble à l'affreuse marque "Hello Kitty" en version dorée.
L'éternel dragon veille tout de même. Les danses des acrobates sous le costume du vénérable animal portent bonheur et il est de bon augure de le voir en cette période; mieux, d'en accueillir un chez soi. Hier, les tambourins et les cymbales ont attiré mon regard sur la rue, une trentaine d'étages plus bas: un dragon dansait sur le toit d'un bus qui faisait le tour du quartier... Plus tard dans la journée, dans un centre d'affaires et de loisirs, deux dragons s'affrontaient sur des piliers de bois dans un tintamarre de percussions, dans un rituel réglé au millimètre... Impressionnant.

mardi 5 février 2008

Perles d'outre-mer

Régulièrement, circule un fichier intitulé "les perles du bac" où l'histoire et la géographie sont en bonnes places. Vu les programmes égratignés, c'est plus souvent le fruit des maladresses des collégiens que les étourderies de lycéens; mais on reste parfois perplexe devant l'énormité de certaines envolées écolières, au point de douter de leur véracité... Après cinq années passées dans les salles de classes, d'Abidjan puis de Saïgon, voici une moisson de première main, garantie 100% d'origine contrôlée...
Bonne lecture...

Jean Mermoz, le célèbre aviateur mort en 1939, a donné son nom au collège d'Abidjan. En début d'année, présentation du collège et de l'origine du nom.

A la fin d'une discussion:
"Mais alors, madame Padovani, la directrice du collège... c'est la femme de Jean Mermoz?"

Et par écrit:
"Jean Mermoz était un homme qui aimer beaucoup navier. C'était un grand naviateur. Il aimait tant navier qu'un jour il est mort".

"Jean Mermoz est mort. Paix à son âme".

Dialogue:
Moi - Qu'est-ce qu'un sédentaire?
Lui - Quelqu'un qui n'a pas de dents!
Moi - Naaaan, c'est quelqu'un qui a un habitat fixe...
Lui - Ah bien, les dents... elles sont fixes!

A la fin d'une rédaction sur les Hébreux:
"Eh bien c'est ici que prend fin mon imagination."

"A la mosquée, l'imam occupe le minibar."

"Oasis est un dieu égyptien."

Les mots soulignés devaient être utilisés dans un texte d'une dizaine de lignes...
"L'oasis et la crue du limon agraire est une corvée des irrigations à l'araire."

"Les hommes d'aujourd'hui ont à peu près 1,7 enfants par femme."

"On trouve les vieux dans le Sud ou dans les hôpitaux, leur couleur préférée est le vermeil."

"A Paris, la plupart des habitants sont des jeunes nés avant 20 ans."

"Les ouvriers sont sales et puants, on ne peut pas avoir confiance en eux."

"Bouddhisme: on pratique le chintoïsme en Chine et le tintoïsme au Tibet."

"Les régimes politiques d'aujourd'hui sont les ancêtres de ceux d'hier."

Dialogue:
Moi - Qu'est-ce qu'un vétéran?
Elle - Pas un végétarien, ça c'est sûr...
Moi - ...?

Dialogue:
Moi - Qu'est-ce que Louis Pasteur a inventé?
Elle, du fond du coeur, dans un cri:
- La baignoire!!!

Définition de "espérance de vie":
"Nombre de personnes qui voudraient vivre plus longtemps et qui, pour ça, devraient faire des efforts dans leur alimentation et leur hygiène."

"L'espérance de vie est beaucoup plus élevée qu'en 1962 et donc, les papis et les mamis auront beaucoup plus de mal à mourir."

Après la lecture d'un article sur l'économie africaine intitulé: "Afrique, éviter le naufrage" et à la question, "comment éviter ce naufrage?":
Réponse: "Les africains feraient mieux de ne pas prendre le bateau".
Une autre copie, sur les causes de la précarité économique: "Les raisons du naufrage africain c'est les guerres, les famines, les maladies, bref... toutes ces crises et ça n'en finit pas en plus!"

"L'Afrique est mal partie car c'est un endroit qu'il y a beaucoup de noirs."

"Robespierre passe à la guillotine comme avant lui son pote Danton."

"Robespierre est surnommé l'Incontournable."

"A ce moment là, les députés font le serment du jus de pomme"

"Jésus est quelqu'un de sérieux, quand il prend une décision, il ne revient pas dessus."

"Le cardinal est nommé comme sous-pape."

"Un cardinal est élu par le pape. Il existe plusieurs ordres cardinaux qu'on appelle les points cardinaux."

"Pour freiner le développement de la maladie, il faut mettre les gens malade dans un cercle vicieux pour qu'ils ne sortent pas."

"Le Sida s'attrape avec certaines maladies comme l'homosexualité."

"Il faut mesurer les préservatifs pour freiner la maladie."

Définition de "revenu par habitant" (par un vietnamien...):
"Retour de ceux qui ont fui la guerre."

Une de mes préférées pour la fin...
"Dans les grandes plaines américaines, on peut cultiver du naïf."

Crédit photo: Archives départementales du Nord. Classe de garçons dans une école d'Hellemmes. Fin du XIXe siècle.