vendredi 24 octobre 2008

Wat Ratchanadaram 2

L'intérieur du Wat Ratchanadaram est le royaume des chats. Discrets, ils s'effacent devant les visiteurs mais ne sont jamais bien loin. Ils surveillent les interminables couloirs qui longent les étages du temple. La lumière change d'intensité d'un bout à l'autre, d'un blanc puissant à un orange chaleureux, en jouant sur l'eau languissante d'une pluie fraîche. C'est un lieu étrange et solitaire en plein milieu de la capitale. Il n'y a personne... en fait, il n'y a même pas un chat, puisqu'on ne les voit pas.

Wat Ratchanadaram 1

En face du très visité wat saket, aussi appelé golden mount, se trouve le wat Ratchanadaram, hérissé de flèches noires. Construit en 1846, sous Rama III, ce gothique thaïlandais est assez peu orthodoxe; c'est en fait une réplique du Loha Prasat en Inde. Autour, le marché aux amulettes est très réputé. L'une des spécialités est le nang kwak de fortune, un petit drapeau à accrocher à l'entrée des magasins pour faire venir le client...

Les paraciels de Jatujak

Jatujak est un marché de Bangkok; c'est un dédale de petites allées sans fin, bordées de boutiques hétéroclites. C'est un labyrinthe de commerces colorés, d'échoppes incroyables où l'on trouve tout. Un jean de seconde main, une mygale de compagnie, de la soie et des épices, des œuvres d'art et des verroteries, du design tendance et du traditionnel. L'élaboré superflu cotoie le nécessaire basique et le kitch rivalise avec le bon goût. Devenu tourisitique, ce lieu n'est pas pour autant destiné aux Occidentaux et à leur idée préconçue de l'Orient. Les Thaïs sont les premiers à fréquenter ce lieu magique, résurgence moderne et d'un marché digne de la route de la Soie...
Par 40 degrés et un taux d'humidité saturé, circuler dans les allées est une gageure, voire une épreuve. Des flux de chairs moites se croisent et se frôlent; les sacs de couleurs vives rehaussent le ton de ce ballet lourd et sans chorégraphie. Dans cette fournaise humaine, le ciel apparait parfois, le temps d'une petite place ou d'une allée, et d'un vendeur de boissons. C'est une voûte basse, bleu acier, menaçante et percée par un soleil agressif; deux bonnes raisons pour sortir d'immenses toiles de patchwork que la bivalence permet d'appeler des paraciels.

Moine pensif

dimanche 19 octobre 2008

Fort phra Sumen

La garnison française en poste à Bangkok à la fin du XVIIe siècle a laissé quelques souvenirs durables. Les 600 militaires ont apporté avec eux quelques trésors d'ingénierie et d'architecture de Vauban, à l'époque commissaire général aux fortifications. Autant l'épopée française a été un échec, autant toutes les nouveautés mises en circulation ne sont pas tombées en désuétude. Une centaine d'années plus tard, lorsque le roi Rama Ier décide de s'installer à Bangkok et de construire onze forts autour de son nouveau palais, il emprunte de nombreuses idées aux ruines laissées par le corps expéditionnaire français, et résucite ainsi des forts de type Vauban; mais un Vauban orientalisé où l'on voit l'influence de l'Inde et le poids de la culture siamoise. Le fort de phra Sumen, qui tire son nom du temple voisin, est parmi les derniers exemples encore debout.